L'Assomption de Marie est un dogme de l'Église catholique romaine selon lequel, au terme de sa vie terrestre, la mère de Jésus aurait été « élevée au ciel ». Le terme « assomption » provient du verbe latin assumere, qui signifie « prendre », « enlever ». La fête catholique célébrant l'assomption de Marie, est le 15 août.
Assomption | |
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L'Assomption de la Vierge peint par Michel Sittow, vers 1500. |
Histoire [modifier]
L'Assomption de Marie est pour l'Église catholique un dogme, c'est-à-dire un moyen de cheminer vers Dieu, résultat de la méditation séculaire du peuple de Dieu sur sa foi : on ne croit au dogme que parce qu'il va dans le sens de la Foi.
Avant d'être un dogme, l'Assomption de Marie était donc une croyance reposant sur des traditions et non sur des bases scripturaires reconnues des premiers temps de l'Église.
L'Église catholique a considéré que cette tradition était conforme au dépôt de la Foi et « longuement mûrie par un siècle de théologie mariale omniprésente »[1] depuis la proclamation du dogme catholique de l'Immaculée Conception, dont il n'existe cependant pas trace dans la Bible.
Une fête avant d'être un dogme
En 1854 la proclamation du dogme de l’Immaculée conception entraîne de nombreuses pétitions à Rome pour que soit officiellement défini le dogme de l’Assomption. "De 1854 à 1945, huit millions de fidèles écriront en ce sens. Il faut y ajouter les pétitions de 1332 évêques, de 83.000 prêtres, religieuses et religieux. Face à ces demandes répétées, Pie XII demande aux évêques du monde de se prononcer. 90% des évêques y sont favorables. 10% des évêques s’interrogent sur l’opportunité d’une telle déclaration"[1].
Enseignement de l'Église catholique [modifier]
Le 1er novembre 1950, l'Assomption de Marie est établie sous forme de dogme par la constitution apostolique Munificentissimus Deus du pape Pie XII :
« En l'autorité de notre Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux Apôtres Pierre et Paul, et par notre propre autorité, nous prononçons, déclarons, et définissons comme un dogme divinement révélé que l'Immaculée Mère de Dieu, la Vierge Marie, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire céleste »
— Constitution dogmatique Munificentissimus Deus, § 44[10].
Par la suite, la constitution dogmatique Lumen gentium du concile Vatican II de 1964) a énoncé :
« Enfin, la Vierge Immaculée, préservée de toute tache de la faute originelle, au terme de sa vie terrestre, fut élevée à la gloire du ciel en son âme et en son corps et elle fut exaltée par le Seigneur comme Reine de l'univers afin de ressembler plus parfaitement à son Fils, Seigneur des seigneurs et vainqueur du péché et de la mort. »
— Constitution dogmatique Lumen Gentium sur l'Eglise, § 59[11].
Depuis la déclaration d'infaillibilité pontificale par Vatican I, en 1870, cette déclaration de Pie XII constitue la seule utilisation de l'infaillibilité papale ex cathedra.
L'Église orthodoxe célèbre, le 15 août, la Dormition de la Mère de Dieu, c'est-à-dire sa mort, entourée des apôtres, sa résurrection et sa glorification[12]. C'est l'une des 12 grandes fêtes de l'Église orthodoxe et la dernière du calendrier liturgique (la première étant la Nativité de la Vierge)[13]. Il y est proclamé que Marie a été "élevée par Dieu jusqu'au Royaume céleste du Christ dans la plénitude de son existence, spirituelle autant que corporelle. Marie, selon la tradition de l'Église orthodoxe, serait montée au Ciel dans son corps, ce qu'elle appelle l'Assomption[14] de la même manière que l'Église catholique. Cet événement est compris comme les prémices de la résurrection des corps, qui selon la croyance de l'Église orthodoxe, aura lieu lors du Second avènement du Christ, comme l'exprime le théologien Vladimir Lossky : "Si Elle resta encore dans le monde, si Elle se soumit aux conditions de la vie humaine jusqu'à accepter la mort, c'est en vertu de sa volonté parfaite, dans laquelle elle reproduisit la kénose (humiliation) volontaire de son Fils. Mais la mort n'avait plus d'emprise sur Elle : comme son Fils, elle est ressuscitée et montée au Ciel, première hypostase humaine qui réalisa en Elle la fin dernière pour laquelle fut créé le monde."[15].
La fête est précédée, dans la tradition orthodoxe, d'un carême (c'est-à-dire d'un jeûne) strict de 14 jours (à l'exception du jour de la fête de la Transfiguration, le 6 août, où il est permis de manger du poisson)[16].
Si la célébration de la Dormition est très proche de la fête catholique de l'Assomption, elle n'en diffère pas moins sur certains points. La différence s'opère précisément par le fait que l'Église catholique associe, dans sa définition de l'Assomption de la Vierge (donnée ci-dessus), le dogme de l'Immaculée conception rejeté par l'Église orthodoxe. Selon la tradition orthodoxe, Marie est réellement morte, par la nécessité de sa nature humaine mortelle, liée à la corruption de ce monde après la Chute (en cela elle est solidaire de l'humanité)[17], et a été ressuscitée par son fils comme la Mère de Vie : de ce fait, elle est considérée comme participant à la vie éternelle du Paradis. L'Église orthodoxe, de ce fait, adresse à la formulation catholique du dogme de l'Assomption les mêmes critiques qu'à celui de l'Immaculée Conception[18] :
À la veille de la fête (c'est-à-dire au début du jour liturgique de la fête), des vêpres sont célébrées, contenant trois lectures de l'Ancien Testament, interprétées symboliquement à partir du Nouveau Testament. En Genèse 28:10-17, l'échelle de Jacob qui unit le ciel et la terre désigne l'union de Dieu avec les hommes qui se réalise pleinement et plus parfaitement en Marie portant Dieu en sein. En Ézéchiel 43:27-44:4, la vision du temple dont la porte orientale est perpétuellement fermée et remplie de la gloire du Seigneur, symboliserait la virginité perpétuelle de Marie. Marie est aussi identifiée avec la « maison », en Proverbes 9:1-11, que la Divine Sagesse a construit pour elle-même : « La Sagesse de Dieu a bâti en Toi, Vierge Sainte, sa maison - et s'est incarnée dans sa mystérieuse descente - Entre toutes les générations Tu fus l'Élue pure pour être la demeure du Verbe pur »[20].
En Orient, Jean Damascène rapporte la tradition de l'Église de Jérusalem à ce sujet : selon lui, Juvénale, évêque de Jérusalem, se voit demander lors du concile de Chalcédoine le corps de Marie par le couple impérial, Marcien et Pulchérie. Juvénale répond que Marie est morte entourée de tous les apôtres, sauf Thomas, qui est en retard. À son arrivée, quelques jours plus tard, Thomas demande à voir la tombe, mais celle-ci s'avère vide ; les apôtres en déduisent alors qu'elle a été emportée au ciel[5].
Une autre tradition rapporte que l'Assomption a lieu à Éphèse, dans la maison connue aujourd'hui comme la « Maison de la Vierge Marie », accompagnée de l'apôtre Jean, à qui le Christ, sur la croix, avait confié Marie[6]. La première allusion attestée ne date que de la fin du IXe siècle, dans un manuscrit syriaque qui rapporte que Marie suit Jean à Éphèse et qu'elle y meurt[7]. Les seules autres sources pré-modernes sont trois auteurs syriaques des XIIe et XIIIe siècles[7].
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