Vocation à l’œcuménisme
En raison même de l'histoire de l'abbaye du Bec, les communautés de moines et de moniales se sont engagées dès leurs arrivées en 1948–1949 sur la voie de l'unité et du dialogue entre les différentes confessions chrétiennes. Les communautés monastiques du Bec ont suivi avec un intérêt passionné le déroulement du concile Vatican II dont les travaux confortaient l'orientation ecclésiologique, liturgique et œcuménique donnée par dom Grammont. L'œcuménisme est l'un des plus grands soucis de l'abbaye du Bec[25].
Le Bec ayant donné à l'Église d'Angleterre trois archevêques de Cantorbéry, l'anglicanisme y tient tout naturellement une place importante. La réciproque étant également vraie, très rapidement de nombreuses visites d'anglais catholiques, mais surtout anglicans, amenèrent le développement de relations amicales. C'est ainsi que l'abbaye du Bec est un de ces lieux où catholiques anglicans et catholiques romains peuvent se retrouver pour prier et apprendre à mieux se connaître. La bibliothèque de l'abbaye abrite, entre autres, 5 000 ouvrages sur l'anglicanisme provenant du dépôt de l'évêque John Graham.
Lorsque le pape Jean-Paul II vint à la cathédrale de Cantorbéry rencontrer l'Archevêque Robert Runcie en 1982, dom Grammont et la mère prieure du monastère Sainte-Françoise Romaine eurent le privilège de partager ce grand moment de l'histoire de la cathédrale. Les communautés du Bec assistent aux évènements importants marquant la vie de la Communion anglicane comme l'intronisation des archevêques ou les Conférences de Lambeth.
« Dans un horizon qui paraît sombre, le dialogue anglican-catholique ménage toujours de grandes trouées de lumière. On se demande seulement si les communautés catholiques se sentent aussi engagées dans le dialogue que la Communion anglicane. Peut-on rêver d'une émulation spirituelle à tous les niveaux entre nos églises[26] ? »
Les relations entre l'abbaye du Bec et la cathédrale de Cantorbéry sont tout à fait privilégiées. On doit noter que les cinq derniers archevêques de Cantorbéry[27] sont venus en visite au Bec. Pour renforcer ces liens, les communautés du Bec ont signé à la Pentecôte 2007 une charte œcuménique avec le chapitre de la cathédrale de Cantorbéry. Elle stipule :
« Des liens existent entre le Bec et Cantorbéry depuis les XIe siècle et XIIe siècle : trois moines du Bec, à cette époque, sont devenus archevêques de Cantorbéry : Lanfranc, Anselme et Théobald. Nous avons le désir d’approfondir cet héritage commun pour une meilleure connaissance mutuelle et un renforcement de nos liens spirituels.Nous nous engageons donc :
- à nous rendre visite tous les ans dans la mesure du possible, une année au Bec, l’autre à Cantorbéry,
- à partager, d’une manière ou d’une autre, les grands évènements de nos deux communautés,
- à nous accueillir en frères et sœurs dans le Christ,
- à prier chaque jeudi pour l’unité des chrétiens et pour chacune de nos deux communautés. »
Elle est signée par dom Paul-Emmanuel Clénet, abbé du Bec, et mère Marie-Placide Cazenave, prieure des moniales du Bec, pour l’abbaye du Bec, et par Robert Willis, doyen de Cantorbéry, pour le chapitre de Cantorbéry.
Les communautés des moniales du monastère Sainte-Françoise-Romaine et des moines de l'abbaye du Bec entretiennent des liens étroits avec l'Orient et l'orthodoxie à la suite de rencontres fortes et au travers de visites riches et nombreuses[25].
En 1954, à la suite de la demande du prieur du monastère de Kobé au Liban, la communauté des moniales du monastère Sainte-Françoise-Romaine du Bec décide d'essaimer dans ce pays. C'est ainsi que la communauté des sœurs du Bec est présente au Liban de 1957 à 1962. Ces années de découverte de l'Orient (Église maronite et Église orthodoxe) font envisager à Mère Elisabeth de Wavrechin, prieure du monastère Sainte-Françoise, la perspective d'une fondation à Jérusalem. Dom Grammont, abbé du Bec, demande de laisser murir ce projet pendant le concile Vatican II qui s'annonce ; il réapparaîtra quinze ans plus tard avec la fondation des monastères d'Abu Gosh en 1976.
Les relations des communautés du Bec avec les Orthodoxes concernent avec les différentes juridictions présentes en France : l'archevêché russe d'Europe occidentale — dont la cathédrale est à Paris, rue Daru — le patriarcat œcuménique dont la cathédrale est à Paris, l'archevêché roumain. Les archevêques russe, grec et roumain ont rendu visite à l'abbaye. Des rencontres amicales ont lieu avec les paroisses orientales catholiques, maronites et melkites (Saint-Julien-le-Pauvre à Paris).
En août 1972, un des frères du Bec accompagne un hôte de l'abbaye au Mont Athos pour un pèlerinage de huit jours dans une douzaine de monastères. Par la suite, cet hôte fait profession monastique au Bec. Le Père Nikodimos, un hiéromoine iconographe, vient le visiter en 1982 rendant ainsi plus étroits les liens de l'abbaye avec l'orthodoxie.
Pendant l'hiver 1974–1975, l'abbaye reçoit un ancien higoumène orthodoxe serbe.
Dès 1967, le monastère Sainte-Françoise accueille une moniale roumaine du monastère de Dealu.
En 1991, l'abbaye accueille deux jeunes séminaristes orthodoxes, et à partir de 1994, ce sont des séminaristes gréco-catholiques de Transylvanie qui sont hébergés chaque été pendant plusieurs semaines. En 1995 et 1997, deux évêques catholiques de rite oriental visiteront le Bec.
Dès les premières années de la venue au Bec, l'abbaye est entrée en relation avec les paroisses de l'Église réformée de France implantées dans la région normande, surtout dans la vallée de la Seine (Rouen, Elbeuf, Le Havre, Dieppe, Évreux). Mais ce n'est que plus tardivement, dans les années 1970, qu'un véritable travail commun est entrepris[25].
Les monastères du Bec ont accueilli, entre 1969 et 1975, un groupe de foyers mixtes (catholiques–protestants) pour une réflexion sur les problèmes des couples mixtes.
Dans le prolongement de cet accueil, des réunions de conseils presbytéraux de paroisses réformées du Havre, de Rouen, du Temple de l'Étoile, ont eu lieu régulièrement au monastère Sainte-Françoise, célébrant la Sainte-Cène dans l'oratoire des moniales.
Des relations se sont développées également avec les luthériens ; plusieurs visites de la paroisse suédoise de Paris, plusieurs sessions sur l'œuvre de Martin Luther.
Le 19 janvier 1984, dom Grammont fut invîté à prêcher dans l'église luthérienne des Billettes à Paris.
À partir de 1970, le renouveau charismatique commence à se développer en France, d'abord
parmi les protestants pentecôtistes et évangéliques, puis parmi les catholiques.
L'abbaye du Bec fut parmi les premiers lieux d'ouverture à ce mouvement et un groupe de
prière œcuménique s'y réunit (en 2009) toutes les semaines depuis 1973.
Dom Grammont avait ressenti l'importance du peuple dans lequel les chrétiens sont enracinés. À son instigation, moines et moniales du Bec, avec leurs amis protestants, ont pris part à la découverte des communautés juives vivant en France. Un groupe de dialogue judéo-chrétien s'est réuni au Bec à plusieurs reprises.
L'un des résultats les plus importants de ce travail fut la fondation du monastère d'Abu Gosh en Israël, sur le site d'Emmaüs.
En 1976, l'abbé dom Paul-Marie Grammont († 1989) a envoyé, coup sur coup, d'une part trois frères en Israël à Abu Gosh[28] et d'autre part un, puis deux autres, à Mesnil-Saint-Loup, au diocèse de Troyes, relever le monastère Notre-Dame de la Sainte Espérance[29] d’où vient la communauté.
En 1998, cinq frères partent en Irlande du Nord et fondent le monastère de la Sainte-Croix à Rostrevor.
Ces trois communautés sont aujourd’hui pleinement autonomes, relevant, comme l'abbaye du Bec, de la Congrégation bénédictine de Sainte Marie de Mont Olivet.
En 1999, le monastère d'Abu Gosh fut canoniquement érigé en abbaye, sous le vocable de Sainte-Marie de la Résurrection.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Notre-Dame_du_Bec
Suite !!
http://efforts.e-monsite.com/pages/mariologie.html