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Est-il, en effet, dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, une seule page, une seule parole inspirée de Dieu qui n'enseigne les normes les plus exactes de la conduite à tenir ici-bas? Est-il un livre des saints Docteurs, nos pères dans la foi catholique, qui ne nous fasse entendre la manière de nous élever, par une voie droite et rapide, jusqu'à notre Créateur? Et les Conférences des Pères, et leurs Institutions et leurs Vies, sans parler de la Règle de notre Père Saint Basile, qu'y trouve-t-on, si ce n'est tout l'outillage des vertus proposées aux moines pour mener une vie sainte dans l'obéissance? Ah! quand on songe à quel point nous restons lâches, remplis de défauts et de négligences, il y a de quoi en rougir de confusion ! Pour toi, mon frère, qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis d'abord, avec l'aide du Christ, cette Règle que nous te présentons comme une initiation très modeste: un jour viendra où, sous la protection de Dieu, tu monteras plus haut et pourras atteindre les sommets de doctrine et de vertu que nous venons de mentionner.
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1. De l'ordre établi dans la série des commandements du Seigneur.
Puisque l'Écriture nous permet d'interroger, nous vous prions d'abord de nous dire si les commandements de Dieu se suivent dans un certain ordre. Y-a-t-il un premier, un deuxième, un troisième et ainsi de suite ? ou bien sont-ils tous connexes et également dignes de la primauté dans la pratique, en sorte qu'on puisse commencer par où l'on veut, comme dans un cercle ?
R. - Votre question est ancienne et a déjà été posée dans l'Évangile, lorsque le docteur de la loi s'approcha de Jésus et dit : "Maître, quel est le premier commandement dans la loi ? - Et le Seigneur de répondre : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toutes tes forces et de tout ton esprit. Le second lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi même." (Mt 22,36-39)
Le Seigneur en personne a donc déterminé l'ordre à garder dans les commandements. Le premier et le plus grand est celui qui regarde la charité envers Dieu, et le second, qui lui est semblable, ou plutôt en est l'accomplissement et la conséquence, concerne l'amour du prochain.
Voilà comment les paroles susdites et d'autres rapportées aussi dans la Sainte Écriture nous apprennent en quel ordre sont imposés les commandements de Dieu.
Celui qui, à présent, cherche à nous tromper, et met toute son industrie à nous faire oublier notre bienfaiteur devant les appâts du monde, insultera un jour, en effet, à notre perte. Nous foulant aux pieds il présentera au Seigneur notre dédain comme une injure, et il se glorifiera devant lui de notre désobéissance et de notre apostasie, lui qui, cependant, ne nous a pas créés et n'est pas non plus mort pour nous, mais nous a, au contraire, entraînés avec lui dans l'insoumission et le mépris des commandements de Dieu.
Cette humiliation infligée au Seigneur et cette gloire remportée par son adversaire: voilà ce qui me paraîtra le plus dur des châtiments de l'enfer! Car c'est devenir pour l'ennemi du Christ un sujet d'orgueil et un motif d'élévation, en face de Celui qui est mort et ressuscité pour nous, à qui donc, selon l'Écriture, nous sommes tellement redevables... !
Cela suffira au sujet de l'amour de Dieu. Comme je l'ai dit, mon but n'était pas de faire un exposé complet, ce serait impossible, mais de livrer brièvement aux âmes un résumé des motifs qui doivent nous porter sans cesse à aimer Dieu.
3. De la charité envers le prochain
Il faudrait nous parler maintenant du commandement le plus important qui vient ensuite.
R. - Je vous ai déjà dit que la loi trouve en nous des germes qu'elle cultive et nourrit. Ayant reçu l'ordre d'aimer le prochain comme nous-mêmes, voyons donc si Dieu nous a donné aussi la propension naturelle à le faire.
Qui ne se rend compte que l'homme, être sociable et doux, n'est pas fait pour la vie solitaire et sauvage ?
"On reconnaîtra que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres". (Jn 13,35) Et il met un tel lien entre les deux commandements qu'il regarde comme faite à lui-même toute bonne action envers le prochain : "Car j'ai eu soif,dit-il, et vous m'avez donné à boire..." (Mt 25,35),puis il ajoute : "Tout ce que vous avez fait au moindre de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait". (Mt 25,40)
L'observance du premier commandement contient donc aussi l'observance du second, et par le second on retourne à exécuter le premier.
C'est ainsi que le fidèle serviteur de Dieu, Moïse, aima ses frères jusqu'à supplier d'être effacé du livre des vivants sur lequel il était inscrit, si le peuple ne recevait pas le pardon de sa faute. (Ex 32,32)
Paul, lui, osa souhaiter d'être anathémisé par le Christ pour ses frères de race (Rom 9,3), parce qu'il voulait, à l'exemple du Christ, devenir rançon pour le salut de tous. Cependant, il le comprenait bien, il était impossible que fut séparé du Christ celui qui, par amour pour lui, plaçait au-dessus de la grâce de Dieu l'observance du plus grand de ses commandements, et devait pour cela recevoir beaucoup plus que ce à quoi il renonçait.
Voilà qui suffit à montrer comment les saints sont parvenus à un degré élevé dans l'amour du prochain.
4. De la crainte de Dieu
R. : Pour ceux qui viennent d'entrer dans la voie de la perfection, il est plus utile de commencer par l'enseignement élémentaire de la crainte; le très sage Salomon l'affirme : "la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse". (Pro 1,7)
Vous qui avez traversé l'enfance dans le Christ et n'avez plus besoin de lait, vous êtes capables de porter l'homme intérieur à sa perfection grâce à la nourriture solide de la doctrine. Il vous faut donc des commandements plus élevés dans lesquels se vérifie toute la réalité de l'amour de Dieu.
Prenez garde cependant: l'abondance des dons de Dieu pourrait devenir un motif de jugement plus sévère pour ceux qui manqueraient de reconnaissance envers leur Bienfaiteur, car il est écrit : "Il sera plus demandé à celui à qui il aura été plus donné". (Lc 12,48)
Celui qui veut véritablement suivre le Christ doit donc se libérer des liens des penchants de la vie,et cela se réalise dans l'éloignement et l'oubli des anciennes habitudes. C'est pourquoi, si nous ne nous rendons pas étrangers à la parenté charnelle et aux relations extérieures,nous dont le caractère est de tendre vers un autre monde, selon cette parole : "Notre vie est dans les cieux" (Phil 3,20), il nous est impossible d'atteindre notre but et de plaire à Dieu. Il a dit, en effet, catégoriquement : "Celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qu'il a,ne peut être mon disciple". (Lc 14,33)
Telles étaient les dispositions de celui qui a dit : "Les méchants m'ont assailli de mensonges, mais moi je garde ta loi" (Ps 118,85), et encore : "J'ai parlé de tes commandements devant les rois et je n'ai point rougi". (Ps 118,46)
6. De la nécessité de vivre dans la solitude
R. : Pour aider l'âme à se concentrer, il faut habiter dans la solitude.
Il est dangereux, en effet, de demeurer parmi ceux qui vivent sans aucune crainte de Dieu et dédaignent d'observer parfaitement ses commandements. Salomon nous l'enseigne en disant: "Ne t'associe pas à un compagnon violent, n'habite pas avec un ami irascible, de peur qu'il ne t'apprenne ses voies et ne tende des pièges à ton âme" (Pro 22,24-25); l'Apôtre de même : "Sortez du milieu d'eux, et écartez-vous d'eux, dit le Seigneur" (2 Cor 6,17).
Si nous craignons d'être tentés par les yeux et les oreilles, et de nous habituer insensiblement au péché, si nous redoutons pour notre âme le danger mortel qu'il y aurait à y garder imprimé le souvenir de choses vues ou de paroles entendues, si nous voulons en outre persévérer dans la prière continuelle,commençons par prendre la décision d'habiter dans la retraite.
Ainsi parviendrons-nous, peut-être, à échapper à l'habitude prise de vivre comme des étrangers aux commandements du Christ, or il ne faut pas un mince combat pour vaincre une habitude que le temps fortifie. Peut-être aussi, arriverons-nous à effacer les traces du péché, grâce à une prière infatigable et la méditation des commandements divins, prière et méditation auxquelles il est impossible de s'adonner au milieu de la foule, source de distractions multiples et de soucis temporels.
Et la parole du Christ : "Si quelqu'un veut me suivre qu'il se renonce à lui-même" (Lc 9,23), qui pourrait jamais l'observer tout en restant parmi eux ? Car c'est en nous renonçant nous-mêmes et en prenant la croix du Christ qu'il nous faut le suivre.
Or le renoncement, c'est l'oubli complet des choses passagères et le sacrifice de sa volonté propre, sacrifice fort difficile, pour ne pas dire tout à fait impossible à qui vit mêlé aux hommes.
Prendre sa croix et suivre le Christ est également chose malaisée dans un monde si mélangé. Car se préparer à mourir pour le Christ, être mortifié, comme il convient dans ses membres sur la terre, être prêt à résister aux attaques lancées contre nous à cause du nom du Christ, se garder détaché de la vie présente: c'est cela prendre sa croix, or nous y trouvons beaucoup d'obstacles, si nous persévérons dans la vie ordinaire.
Celui-ci parmi tant d'autres: lorsque l'âme a sous les yeux la masse des pécheurs, elle ne trouve plus l'occasion de remarquer ses propres péchés, ni de faire, dans le repentir, pénitence pour ses propres fautes. Elle se compare à de plus grands coupables, et s'imagine avoir de la vertu. Ensuite, arrachée par les ennuis et les soucis de la vie ordinaire à une pensée bien plus digne : celle de Dieu, elle perd, avec la joie et l'allégresse spirituelle, le bonheur de savourer les délices du Seigneur et de goûter la douceur de ses paroles : "Je me suis souvenu du Seigneur, est-il dit, et j'ai été dans l'allégresse" (Ps 76,4), et : "Comme tes paroles sont douces à ma gorge, elles sont pour ma bouche préférables au miel"(Ps.118:103). Enfin elle s'accoutume à mépriser complètement les jugements divins,et, pour elle, rien de plus triste ni de plus funeste!
7. De l'opportunité de se joindre à ceux qui ont un même désir de plaire à Dieu, ...
De l'opportunité de se joindre à ceux qui ont un même désir de plaire à Dieu, parce qu'aussi bien il est difficile, en même temps que dangereux, de vivre complètement seul.
Vos paroles nous ont convaincus du péril qu'il y a à vivre au milieu des contempteurs de la loi divine. Nous voudrions apprendre maintenant s'il faut, en s'écartant d'eux, vivre seul ou en compagnie de frères, unis dans un même esprit et un même désir de perfection.
R. : Ceux qui poursuivent un but identique trouvent à vivre ensemble, j'en suis sûr, une foule d'avantages.
Tout d'abord, aucun de nous ne se suffit à lui-même quant aux besoins matériels, et nous avons besoin les uns des autres pour subvenir à nos nécessités.
Le précepte du Christ sur la charité ne permet d'ailleurs pas que l'on s'occupe uniquement de soi: "Car la charité, est-il dit, ne cherche pas ses propres intérêts" (1 Cor 13,5). Or la vie solitaire ne tend qu'à un but : vivre chacun pour soi, but manifestement opposé à la loi d'amour qu'observait l'Apôtre saint Paul, car il cherchait,lui,non son avantage personnel, mais celui de tant d'autres qu'il voulait sauver. (1 Cor 10,33)
En second lieu, le solitaire connaîtra difficilement ses fautes, car il n'aura personne ni pour les lui montrer, ni pour le corriger avec douceur et compassion. Un reproche, en effet, même lorsqu'il vient d'un ennemi, produit souvent dans l'âme bien disposée le désir du remède; et d'autre part, le remède au péché, c'est à celui qui aime vraiment de l'appliquer avec sagesse : "Celui qui aime a soin de corriger, dit l'Écriture" (Pro 13,24). Or voilà ce que ne pourra trouver le solitaire, s'il ne vit d'abord avec d'autres. Il lui arrivera donc ce que dit l'Ecclésiaste : "Malheur à celui qui est seul, parce que lorsqu'il tombera, il n'aura personne pour le relever". (Ec 4,10)
Le champ du combat, la voie assurée du progrès, un entraînement continuel, la pratique assidue des commandements du Seigneur, voilà ce qu'est aussi une communauté de frères. Elle tend à la gloire de Dieu selon le précepte de notre Seigneur Jésus Christ, lequel a dit : "Que votre clarté apparaisse devant les hommes, afin que ceux-ci voient vos bonnes oeuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux" (Mt 5,16). Elle garde enfin ce trait spécial aux saints dont l'histoire est rapportée dans les Actes et dont il est dit : "Tous ceux qui avaient la foi vivaient ensemble et possédaient tout en commun" (Ac 2,44), et encore : "La masse des fidèles n'avait qu'un coeur et qu'une âme, et nul n'appelait sien ce qu'il possédait, mais tout été à tous." (Ac 4,32)
Certes, nous avons renoncé avant tout au démon et aux passions de la chair, nous qui avons rejeté les fautes secrètes, les parentés du sang, les fréquentations humaines et toute habitude de vie en contradiction avec la pratique parfaite et salutaire de l'Évangile.
Chose plus nécessaire encore, celui-là s'est renoncé lui-même, qui "s'est dépouillé du vieil homme et de ses actes" (Col 3,9), parce qu'il "s'attache pour sa perte aux désirs trompeurs" (Eph 4,22). Il repousse donc toutes les affections mondaines capables de mettre obstacle à la perfection qu'il poursuit, il considère comme ses parents véritables ceux qui l'ont engendré dans le Christ par l'Évangile (1 Cor 4,15), et comme des frères ceux qui ont reçu le même Esprit d'adoption; enfin, il tient les richesses pour chose étrangère à lui, comme elles le sont en réalité.
En un mot, comment pourrait encore entrer dans des préoccupations mondaines celui pour qui le monde est crucifié et qui est lui-même crucifié au monde à cause du Christ ?" (Gal 6,14) Car le Christ a voulu jusqu'à l'extrême le mépris de sa vie et le renoncement à soi, lorsqu'il a dit: "Si quelqu'un veut venir avec moi, qu'il se renonce à lui-même et prenne sa croix", ajoutant: "et qu'il me suive"(Mt.16:24), et encore: " Si quelqu'un vient à moi sans haïr son père et sa mère, sa femme et ses enfants, ses frères et ses soeurs, sa propre vie enfin, il ne peut être mon disciple" (Lc 14,26).
Le renoncement complet consiste donc à ne plus même tenir à la vie, mais à se regarder toujours comme condamné à la mort, de façon à ne plus faire état de soi. (2 Cor 1,9)
Il commence par l'abandon des choses extérieures, comme les richesses, la vaine gloire, la société des hommes, l'attrait des bagatelles.
C'est de cela que nous ont donné l'exemple les saints apôtres du Christ: Jacques et Jean qui quittent leur père Zébédée et leur barque même, leur gagne pain; Mathieu, qui se lève de son comptoir pour suivre Jésus, non seulement au détriment de ses intérêts, mais encore au mépris des peines qui le menaçaient de la part des magistrats, lui et ses proches, parce qu'il laissait indûment inachevée la perception des impôts; quant à Paul, le monde était crucifié pour lui, et lui l'était au monde. (Gal 6,14)
Ainsi celui qui est animé d'un impérieux désir de suivre le Christ ne peut plus tenir compte de quoi que ce soit en cette vie : ni de l'affection des parents et amis, dès qu'elle s'oppose aux préceptes du Seigneur, car c'est alors que s'appliquent les paroles : "Si quelqu'un vient à moi sans haïr son père et sa mère" (Lc 14,26); ni de la crainte des hommes, lorsqu'elle détourne du vrai bien, comme l'ont fait excellemment les saints qui ont dit : "Il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes" (Ac 5,29); ni enfin des moqueries dont les méchants accablent les bons, car il ne faut pas se laisser vaincre par le mépris.
En résumé, c'est transporter le coeur humain dans la vie du ciel, en sorte qu'on puisse dire : "Notre patrie est dans les cieux" (Phil 3,20), et surtout c'est commencer à nous assimiler au Christ, lequel s'est fait pauvre pour nous, de riche qu'il était (2 Cor 8,9), et à qui nous devons ressembler si nous voulons vivre conformément à l'Évangile.
Quand donc pourrons-nous avoir la contrition du coeur et l'humilité de l'esprit, ou nous affranchir de la colère, de la tristesse, des soucis et, en somme, de toutes les funestes passions de l'âme, si nous restons au sein des richesses et des préoccupations de la vie attachés au commerce des autres.
9. Quand on veut se joindre à ceux qui se sont donnés à Dieu,...
Quand on veut se joindre à ceux qui se sont donnés à Dieu, doit-on, avec indifférence, abandonner ses biens à ses proches qui pourraient en user mal ?
R. - Le Seigneur a dit: " Vends tout ce que tu as au profit des pauvres, afin d'avoir un trésor dans le ciel, puis viens et suis-moi" (Mt 19,21), et : "Vendez tout ce que vous avez et faites l'aumône". (Lc 12,33)
Un genre d'épreuve qui convient à tous, est de voir s'ils acceptent sans rougir n'importe quelle humiliation, au point de remplir les offices les plus vils, quand la raison en reconnaît l'utilité.
Enfin, lorsque quelqu'un a été éprouvé de toutes façons par des esprits judicieux et reconnu pour être un instrument facile au Maître, prêt à toute bonne action, il peut être admis parmi ceux qui se sont consacrés au Seigneur.
Avant tout, à celui qui laisserait une situation en vue dans le monde, pour venir pratiquer l'humilité à l'exemple de notre Seigneur Jésus Christ, il faudrait imposer un exercice comme considéré comme des plus humiliants par les gens du monde, et voir s'il donne pleine certitude qu'il travaille pour Dieu sans rougir.
13. Qu'il est utile d'exercer également au silence les nouveaux venus.
R. - Il est bon que les nouveaux venus s'exercent également au silence. En même temps qu'ils donneront une preuve palpable de leur empire sur eux-mêmes en dominant leur langue, ils s'appliqueront avec zèle, en gardant un silence constant et parfait, à apprendre de ceux qui savent manier la parole, comment interroger et comment répondre.
Le ton de la voix, la discrétion dans les paroles, le moment opportun, la nature spéciale des termes familiers et particuliers à ceux qui vivent dans la piété: autant de choses qu'il est impossible de connaître, si l'on a pas désappris les usages du monde. Or le silence permet d'oublier les anciennes habitudes en ne les pratiquant plus, et il donne le temps de s'instruire des bonnes.
C'est pourquoi, en dehors, bien entendu, de la psalmodie, il faut garder le silence, et ne parler que si l'on est obligé, soit par l'utilité personnelle, comme la direction de son âme, ou en absolue nécessité au cours d'un travail, soit encore parce qu'on est interrogé d'urgence.
D'autre part, il y aurait à craindre qu'à la vue des frères plus âgés punis pour des manquements à leur devoir commis par suite d'inattention, ces enfants n'acquièrent, parfois même à leur insu, quelque inclination au mal, ou bien qu'ils ne s'enorgueillissent en constatant que de plus anciens sont souvent en faute, dans des circonstances où eux-mêmes agissent correctement. Ne diffèrent guère, en effet, des enfants ceux qui raisonnent en enfants; il n'est donc pas étonnant de rencontrer les mêmes défauts chez les uns et les autres.
16. La tempérance est-elle nécessaire à ceux qui veulent vivre saintement ?
R. - Qu'il doive être question de la tempérance, la chose ne fait pas de doute. Tout d'abord, parce que l'Apôtre met la tempérance au nombre des fruits du saint Esprit (Gal 5,23), ensuite parce qu'il affirme que c'est elle qui a rendu son ministère irréprochable : "Dans les souffrances, dit-il, dans les veilles, dans le jeûne, dans la continence" (2 Cor 6,5), et ailleurs : "Dans la peine, dans la fatigue, dans les veilles fréquentes, dans la faim, dans la soif, dans les jeûnes répétés" (2 Cor 11,27); il ajoute aussi : "Un athlète doit se modérer en tout". (1 Cor 9,25)
C'est que nul moyen n'est plus apte que la tempérance à mortifier et à asservir le corps. L'effervescence de la jeunesse et la fougue des passions trouvent en elle un frein puissant qui les contient.
"La vie délicate n'apporte rien à l'insensé" dit Salomon (Pro 19,10), et quoi de plus insensé que la chair se livrant aux délices, et la jeunesse aux égarements ? C'est pourquoi l'Apôtre dit : "N'accomplissez pas les désirs de la chair en cédant à la concupiscence" (Rom 13,14), et : "celle qui est dans les voluptés est déjà morte".(1 Tim 5,6)
L'exemple du riche qui avait vécu dans les délices nous montre aussi la nécessité de la tempérance, si nous ne voulons nous entendre répéter ce qui lui a été dit : "La part de bien, tu l'as reçu déjà dans la vie". (Lc 16,25)
L'Apôtre nous dit encore combien l'intempérance est à craindre lorsqu'il cite parmi les caractères de l'apostasie: "Aux derniers jours il y aura des moments durs à supporter, car les hommes seront épris d'eux- mêmes" (2 Tim 3,1-2), et après avoir énuméré quelques formes du mal, il ajoute : "...calomniateurs, intempérants". (2 Tim.3,3)
Esaü, d'ailleurs, éprouva combien l'intempérance est le plus grand des maux, lorsque pour un seul plat d'aliments, il vendit ses droits d'aînesse (Gen 25,33), et la première désobéissance de l'homme eut son origine dans l'intempérance.
Tous les saints, au contraire, ont mérité ce témoignage qu'ils ont vécu dans la tempérance, et la vie des bienheureux tout entière, l'exemple de Notre Seigneur dans son séjour mortel nous y portent.
C'est à la suite d'une longue persévérance dans le jeûne et la prière que Moïse reçut la loi (Dt 9,9) et put entendre la parole de Dieu "comme celle d'un ami parlant à son ami"(Ex 33,11). Elie ne fut jugé digne de voir Dieu que lorsqu'il eut jeûné lui-même dans la même mesure (1 Roi 19,8). Et que dire de Daniel ? comment parvint-il à ses visions merveilleuses ? N'est-ce pas après le vingtième jour de jeûne ? (Dan 10,3) Comment les trois enfants éteignirent-ils la violence du feu ? N'est-ce pas grâce à la tempérance ? (Dan 1,8) Et Jean ? Dès le commencement il vécu dans la tempérance (Mt 3,4; Lc 1,15). Le Seigneur lui-même commença sa vie publique en la pratiquant (Mt 4,2).
Nous appelons évidemment tempérance non la complète abstention des aliments, car cela provoquerait inévitablement la mort, mais le renoncement aux choses agréables, pratiqué pour émousser l'orgueil de la chair au profit de la piété. En somme, c'est en tout ce dont veulent jouir ceux qui vivent selon leurs passions que nous devons nous modérer, lorsque nous nous soumettons aux règles de la perfection.
Ce n'est pas seulement contre les plaisirs de la bouche qu'est dirigée la pratique de la tempérance, car elle comprend aussi le renoncement à tout ce qui pourrait entraver la pratique de la vertu. Le parfait tempérant ne commande donc pas à son ventre pour être ensuite vaincu par la gloire humaine; il ne maîtrise pas ses mauvais instincts, sans dominer aussi l'appétit de la richesse et n'importe quelle autre inclination méprisable à la colère, à la jalousie ou d'autres sentiments, qui asservissent ordinairement les âmes grossières.
Je pense bien que l'on peut remarquer particulièrement à propos du précepte de la tempérance ce que l'on constate au sujet des commandements, c'est-à-dire qu'ils se tiennent entre eux, et qu'il est impossible de les observer séparément. Humble est celui qui domine son goût pour la gloire; pauvre dans l'esprit voulu par l'Évangile, celui qui se modère dans l'usage de la richesse et doux celui qui commande à sa colère et son emportement.
La tempérance parfaite exige essentiellement qu'on impose une mesure à sa langue, des limites aux yeux et la simplicité aux oreilles: qui n'est pas fidèle en cela est un homme sans modération ni retenue. Vous voyez comment autour de ce seul précepte tous les autres se rangent comme en un coeur ?
La tempérance est la destruction du péché, l'anéantissement des passions, la mortification du corps, jusque dans ses appétits et ses désirs, le principe de la vie spirituelle et le gage des biens éternels, car elle brise en elle l'aiguillon de la volupté.Le plaisir est, en effet, le grand appât du mal qui nous rend nous, hommes, si enclins au péché, et par lequel toute âme est attirée vers la mort, comme par un hameçon. En ne se laissant ni efféminer par lui ni courber sous son joug, on échappe, grâce à la tempérance, à toute faute; cependant, si, après l'avoir fui dans la plupart des occasions, on vient à lui céder, ne fut-ce qu'une seule fois, on n'est pas tempérant, pas plus que n'est en bonne santé celui qui est atteint d'une seule maladie, pas plus que n'est libre celui qui se laisse dominer par un seul maître et une fois par hasard.
Les autres vertus, parce qu'elles s'exercent dans le secret de l'âme apparaissent peu aux yeux des hommes, la tempérance, au contraire, signale qui la possède à tous ceux qu'il rencontre. Comme la corpulence et les belles couleurs caractérisent l'athlète, ainsi la maigreur et la pâleur qui résultent des privations, font connaître le chrétien, car étant athlète du Christ, c'est dans l'affaiblissement du corps qu'il vient à bout de son ennemi et montre jusqu'où il peut soutenir les combats spirituels, selon ces paroles : "C'est lorsque je suis faible que je me sens fort". (2 Cor 12,10)
Combien il est profitable ne fut-ce que de voir la conduite du tempérant ! Usant à peine et en petites quantités des choses nécessaires, comme pour rendre à la nature un service qui lui pèse, trouvant trop long le temps qu'il faut y consacrer, il est vite levé de table pour s'empresser au travail. Je crois bien qu'aucun discours ne pourrait toucher l'âme de celui qui est esclave de son ventre, et l'amener à se convertir, comme une seule rencontre avec celui qui est tempérant.
Voilà, me semble-t-il, ce que veut dire manger et boire pour la gloire de Dieu: c'est faire en sorte que, même à table, nos bonnes actions resplendissent pour glorifier notre Père, qui est dans les cieux.
La tempérance est le signe qu'on est mort avec le Christ et que l'on mortifie ses membres sur la terre. C'est elle, nous le savons, qui engendre la chasteté, procure la santé, écarte enfin puissamment les obstacles à la fécondité en bonnes oeuvres dans le Christ, puisque, selon son expression, les soucis de ce monde, les plaisirs de la vie et tous les autres désirs étouffent la parole de Dieu et la rendent stérile (Mt 13,22). C'est devant elle aussi que les démons fuient, car le Seigneur lui-même nous a appris que cette race n'est mise en fuite que par le jeûne et la prière. (Mt 17,20)
19. Quelle est la norme de la tempérance ?
R. : Pour ce qui est des passions de l'âme il n'y a qu'une mesure à fixer à la tempérance: c'est le renoncement complet à toutes celles qui tendent au plaisir coupable.
Quand aux aliments, au contraire, comme les besoins diffèrent pour les uns et les autres selon l'âge, les occupations et la constitution physique, il faut des régimes et des traitements divers. Il en résulte qu'on ne peut, dans une seule règle, embrasser toutes celles qui s'imposent dans l'exercice de la piété, mais en fixant ce qui convient aux santés normales, nous permettons aux supérieurs d'établir prudemment des exceptions pour les cas particuliers. Il n'est pas possible en effet de parler de chacun; il faut se borner à donner des directives communes et générales.
D'accord en cela avec celui qui a dit : "On donnait à chacun selon ses besoins" (Ac 2,45), les supérieurs tiendront toujours raisonnablement compte des nécessités, pour procurer des soulagements dans la nourriture aux malades, à ceux qu'un travail soutenu aura épuisés, et à ceux qui se préparent à une grande fatigue, comme un voyage ou tout autre effort pénible.
Il n'est pas possible de déterminer pour les repas ni l'heure, ni la qualité, ni la quantité, mais on aura généralement en vu de satisfaire aux besoins. Se remplir le ventre et s'alourdir par les aliments mérite cette malédiction du Seigneur : "Malheur à vous qui êtes maintenant rassasiés !" (Lc 6,25); le corps en est du reste rendu incapable d'énergie et disposé au sommeil ou aux maladies.
Il ne faut pas non plus manger par gourmandise, mais pour vivre, en évitant de s'adonner au plaisir, car être esclave de la volupté n'est autre chose que se faire un Dieu de son ventre. Parce que notre corps se dépense et s'épuise constamment, il a besoin de réfection, et c'est pour cela que le besoin de nourriture est dans la nature elle-même, mais la juste norme que la raison nous fixe est de boire et de manger pour autant qu'il est nécessaire, afin de soutenir le corps en lui restituant ce qu'il a perdu.
Les aliments à employer sont ceux qui sont les plus simples à préparer. C'est ce que nous enseigne le Seigneur par la façon dont il se chargea de nourrir le peuple fatigué, de peur qu'il ne vint à défaillir en chemin, ainsi que le raconte l'Évangile (Mt 15,32). Alors en effet, qu'il aurait pu faire un miracle plus éclatant, en imaginant dans le désert un repas magnifique, il présenta à ceux qui l'avaient suivi une nourriture si simple et si frugale, qu'elle se réduisait à du pain d'orge avec un peu de poisson (Jn 6,9). De breuvage, il n'en est pas fait mention, car nous avons tous à notre disposition l'eau que fournit la nature en suffisance pour nos besoins, à moins que celle-ci ne soit nuisible à quelque malade et ne doive être écartée comme Paul le conseille à Timothée (1 Tim 5,23).
Du reste tout ce qui nuit doit être évité, car il ne faut pas prendre pour soutenir le corps des aliments qui soient ensuite eux-mêmes les ennemis du corps et l'entravent dans l'accomplissement de son devoir, et ceci nous enseigne également à prendre l'habitude de fuir les aliments nuisibles, même lorsqu'ils nous plaisent.
Commentaires personnels : Notre Messie est sortie dans les rues guérir les malades spirituels et les malades physiques, les apôtres aussi, et ceux qui veulent servir Yahweh et notre Messie non seulement recherchent les vertus mais en plus ils s'éloignent du mal et essaie d'aider les autres à sauver leurs âmes des mains du démon.
S'isoler des autres, sacrifier tout notre entourage pour aller s'enfermer entre nous, et ne rien faire pour ceux du dehors comme faisaient les vrais serviteurs de Yahweh, et toutes ces règles de pseudo humilité pour asservir le corps en le maltraitant et en l'affamant, ne sont pas des actions spirituelles.
L'apôtre Paul a eut faim, a été battu, a été en prison, s'est privé de tout et à tout abandonner par amour pour Yahweh et Jésus Christ, et par amour pour annoncer aux autres l'Evangile pour qu'ils soient sauvés.
Et oui, quand nous servons Yahweh et qu'à cause des agissements de l'Adversaire, nous sommes amenés à faire des choix y compris dans notre famille, dans nos enfants, le serviteur digne sacrifiera tout pour Yahweh et pour tous les autres enfants de Yahweh. Le serviteur ne va pas abandonné sa mission spirituelle d'aider les autres à revenir à Yahweh et à Emmanuel, le Messie, pour une ou deux ou trois personnes, y compris celles de son propre entourage.
L'apôtre Paul et les autres ont tout quitté pour aller annoncer aux enfants de Yahweh de se repentir et de connaître l'Evangile de l'Elu de Yahweh, le Fils de l'Homme. Et de tout subir et de tout affronter pour cette oeuvre spirituelle, y compris de donner leur vie. Rien à voir avec toutes ces pseudo règles d'humilité inspirée par le démon.
Mais tout sacrifier pour aller s'enfermer dans le silence, et s'affamer pour Yahweh et Emmanuel, avec toutes des règles de pseudo humilité que seul le démon peut inspirer à l'homme. Entre temps, vous ne vous occupez pas des autres qui ont grands besoins de personnes fortes spirituellement autour d'elles.
L'homme spirituel aime tellement Yahweh et Emmanuel, qu'il préfère s'atteler aux tâches hautement spirituelles qui sont de sauver les âmes et d'aider les autres à s'élever spirituellement, et leur dire de se repentir, et de revenir à Yahweh, à Jésus, notre Messie et à la Parole de Yahweh, la Bible et non pas toutes ces règles dignes du diable. Comment peut-on aimer Yahweh et Jésus quand on vous voit dans quels états et conditions vous vivez. Ce n'est certainement pas cela le Royaume de Yahweh, ni l'Amour pour l'Homme. Jésus nous a apporté le Testament de l'Esprit, si seulement vous aviez compris la richesse qu'il nous apporte !! Quand nous lisons le Nouveau Testament et les actes et les lettres des apôtres, nous aimons Yahweh pour son amour pour nous ainsi que Jésus. Où avez-vous lu de telles horreurs, ces horreurs sont faites aux apôtres et aux chrétiens par ceux que l'adversaire a emprisonné, pour nuire aux serviteurs de Yahweh. Et les serviteurs dignes ont tout accepté jusqu'à la mort.
Mais cela n'a rien à voir avec ces règles de pseudo humilités que les chrétiens s'infligeaient à eux-mêmes !!
La parabole qu'ils manquent des ouvriers, et qu'il faut prier Yahweh qu'Il nous en procure plus, vous ne l'a connaissez pas !! C'est dommage !!