Le Bec ayant donné à l'Église d'Angleterre trois archevêques de Cantorbéry, l'anglicanisme y tient tout naturellement une place importante. La réciproque étant également vraie, très rapidement de nombreuses visites d'anglais catholiques, mais surtout anglicans, amenèrent le développement de relations amicales. C'est ainsi que l'abbaye du Bec est un de ces lieux où catholiques anglicans et catholiques romains peuvent se retrouver pour prier et apprendre à mieux se connaître. La bibliothèque de l'abbaye abrite, entre autres, 5 000 ouvrages sur l'anglicanisme provenant du dépôt de l'évêque John Graham.
Lorsque le pape Jean-Paul II vint à la cathédrale de Cantorbéry rencontrer l'Archevêque Robert Runcie en 1982, dom Grammont et la mère prieure du monastère Sainte-Françoise Romaine eurent le privilège de partager ce grand moment de l'histoire de la cathédrale. Les communautés du Bec assistent aux évènements importants marquant la vie de la Communion anglicane comme l'intronisation des archevêques ou les Conférences de Lambeth.
Scolastique : Suite !!
Quatre périodes
Le développement de la scolastique est intimement lié à celui des universités. Ainsi la scolastique est un produit universitaire, au sens institutionnel et social à la fois. L'emprise de la scolastique se divise en quatre grandes périodes, même si l'influence de celle-ci s'étend au-delà.
La première période, qui semble débuter surtout avec la figure d'Anselme de Cantorbéry, est marquée par la Querelle des universaux, opposant les réalistes, menés par Guillaume de Champeaux, aux nominalistes, représentés par Roscelin, et aux conceptualistes (Pierre Abélard). Mais la forme véritablement préparatoire à la scolastique sera l'école de Chartres qui redécouvrira Aristote[26].
Cette période marque aussi l'apogée des exégèses médiévales. Celles-ci interprétaient les Saintes Écritures à travers la méthode scolastique qui révélait son quadruple sens : littéral, allégorique, tropologique, et anagogique. Chacun des quatre sens était connu et pratiqué depuis longtemps, mais cette doctrine des quatre sens de l'Écriture préconisait une interprétation plurielle du texte de la Bible. Hugues de Saint-Victor l'employa (De Scripturis).
Les œuvres d'Aristote sont traduites (en même temps que les traités scientifiques grecs et arabo-musulmans) par des équipes de philosophes chrétiens, juifs et arabes, notamment Averoès. Elles sont marquées par l'influence de Platon et de Plotin.
Cette deuxième période est considérée comme l'apogée de la scolastique. Elle est appelée pour cette raison la grande scolastique. A partir de 1230, les principaux représentants de la scolastique : Les œuvres d'Aristote sont traduites du grec en latin par Albert le Grand, véritable introducteur de la pensée du philosophe et par Guillaume de Moerbeke, secrétaire de Thomas d'Aquin, et introduites dans les universités.
Cela conforte les (??) : le principe de la scolastique est donc attaqué de tous côtés[3].
Plusieurs sensibilités se sont exprimées dès cette époque. On note par exemple que Robert Grossetête à Lincoln (Royaume-Uni) et Roger Bacon à Oxford, davantage portés vers l'expérience que vers la spéculation pure, avaient identifié quelques erreurs commises par Aristote à propos des phénomènes naturels, ce qui ne les empêcha nullement de reconnaître l'importance de la philosophie d'Aristote. Cependant à la fin du XIIIe siècle, le plus grand souci des universitaires est de refuser radicalement l'univers nécessaire des Grecs et des Arabes.
La troisième période est une phase de repli. Le dernier grand représentant de la scolastique, Jean Duns Scot soutient l'idée de l'existence de la (??). On voit le penseur Guillaume d'Occam prendre position pour les nominalistes, et fonder une via moderna qui s'oppose au thomisme, distinguant davantage que Thomas d'Aquin la philosophie de la théologie.
À partir du XVe siècle, la scolastique est remise en cause par l'humanisme puis par la Réforme au XVIe siècle. Érasme critique son « langage barbare », son ignorance des lettres et des langues. Les maîtres de la scolastique ignorent en effet le grec et ne possèdent que des traductions de seconde ou troisième main. Mais les maitres de la scolastique Jean Bessarion (env. 1402-1472), Pietro Pomponazzi (1462-1525) et les maîtres de Padoue s'opposent aux idéaux de l'humanisme. Les théologiens s'opposent d'ailleurs à la traduction par Érasme du grec au latin du Nouveau Testament, traduction beaucoup plus fidèle au texte[4]. Érasme critique surtout la « contamination » de la scolastique par la philosophie païenne : « Quelles relations peut-il y avoir entre le Christ et Aristote ? »[27].
L'école de Salamanque en Espagne constitue un renouveau très important sur les grandes questions dont on débat pendant la Renaissance : droit naturel, économie. Francisco Suarez, jésuite espagnol de l'école de Salamanque, est considéré comme le plus grand scolasticien après Thomas d'Aquin. Il semble être tombé dans un certain oubli, pourtant Descartes s'est appuyé sur ses dissertations métaphysiques pour critiquer la philosophie première de la scolastique.
Descartes conçut un projet de philosophie des sciences en réaction à la condamnation de Galilée. Dans le célèbre Discours de la méthode (1637), il déclare :
Même si le terme scolastique a une connotation négative du fait qu'il paraît attaché à une spéculation excessive, les papes ont constamment réaffirmé la profondeur de la pensée de Thomas d'Aquin :
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