VISION DE L'ENFER ! DANS MON ÂME UN FEU ! FEU INTéRIEUR ET DéSESPOIR !? BRÛLER ET HÂCHER EN MILLE MORCEAUX! LUTHéRIENS! DOMINICAINS

 

Chapitre 32

 

Déjà, depuis longtemps, Notre Seigneur m'avait accordé la plupart des grâces dont j'ai parlé et d'autres encore fort insignes, lorsqu'un jour, étant en oraison, je me trouvai en un instant, sans savoir de quelle manière, transportée dans l'enfer.

Je compris que Dieu voulait me faire voir la place que les démons m'y avaient

préparée, et que j'avais méritée par mes péchés.

Cela dura très peu; mais quand je vivrais encore de longues années, il me serait impossible d'en perdre le souvenir.

L'entrée de ce lieu de tourments me parut semblable à une de ces petites rues très longues et étroites, ou, pour mieux dire, à un four extrêmement bas, obscur, resserré. Le sol me semblait être une eau fangeuse, très sale, d'une odeur pestilentielle, et remplie de reptiles venimeux. A l'extrémité s'élevait une muraille, dans laquelle on avait creusé un réduit très étroit où je me vis enfermer. Tout ce qui, jusqu'à ce moment, avait frappé ma vue, et dont je n'ai tracé qu'une faible peinture, était délicieux en comparaison de ce que je sentis dans ce cachot,

Nulle parole ne peut donner la moindre idée d'un tel tourment, il est incompréhensible. Je sentis dans mon âme un feu dont, faute de termes, je ne puis décrire la nature, et mon corps était en même temps en proie à d'intolérables douleurs. J'avais enduré de très cruelles souffrances dans ma vie, et, de l'aveu des médecins, les plus grandes que l'on puisse endurer ici-bas; j'avais vu tous mes nerfs se contracter à l'époque où je perdis l'usage de mes membres; en outre, j'avais été assaillie par divers maux dont quelques-uns, comme je l'ai dit, avaient le démon pour auteur. Tout cela, néanmoins, n'est rien en comparaison des douleurs que je sentis alors; et ce qui y mettait le comble, c'était la vue qu'elles seraient sans interruption et sans fin.

Mais ces tortures du corps ne sont rien à leur tour auprès de l'agonie de l'âme. C'est une étreinte une angoisse, une douleur si sensible, c'est en même temps une si désespérée et si amère tristesse, que j'essaierais en vain de les dépeindre. Si je dis qu'on se sent continuellement arracher l'âme, c'est peu; car dans ce cas, c'est une puissance étrangère qui semble ôter la vie, mais ici, c'est l'âme qui se déchire elle-même. Non, jamais je ne pourrai trouver d'expression pour donner

une idée de ce feu intérieur et de ce désespoir,

qui sont comme le comble de tant de douleurs et de tourments. Je ne voyais pas qui me les faisait endurer, mais je me sentais brûler et comme hacher en mille morceaux: je ne crains pas de le dire, le supplice des supplices, c'est ce feu intérieur et ce désespoir de l'âme.

Toute espérance de consolation est éteinte dans ce pestilentiel séjour; on ne peut ni s'asseoir ni se coucher, car l'espace manque dans cette sorte de trou pratiqué dans la muraille; et les parois elles-mêmes, effroi des yeux, vous pressent de leurs poids. Là, tout vous étouffe; point de lumière; ce ne sont que ténèbres épaisses; et cependant, ô mystère! sans qu'aucune clarté brille, on aperçoit tout ce qui peut être pénible à la vue.

Il ne plut pas à Notre Seigneur de me donner alors une plus grande connaissance de l'enfer. Il m'a montré depuis, dans une autre vision, des choses épouvantables, des châtiments encore plus horribles à la vue, infligés à certains vices; mais comme je n'en souffrais point la peine, mon effroi fut moindre. Dans la première vision, au contraire, ce divin Maître  voulut que j'éprouvasse véritablement ces tourments et cette peine dans mon esprit, comme si mon corps les eût soufferts. J'ignore la manière dont cela se passa, mais je compris bien que c'était une grâce insigne, et que le Seigneur avait voulu me faire voir, de mes propres yeux, de quel supplice sa miséricorde m'avait délivrée. Car tout ce qu'on peut entendre dire, de l'enfer, ce que j'en avais lu ou appris dans mes propres méditations, quoique j'aie assez rarement approfondi ce sujet, la voie de la crainte ne convenant pas à mon âme, tout ce que les livres nous disent des déchirements et des supplices divers que les démons font subir aux damnés, tout cela n'est rien auprès de la peine, d'un tout autre genre, dont j'ai parlé; il y a entre l'un et l'autre la même différence qu'entre un portrait inanimé et une personne vivante; et brûler en ce monde est très peu de chose, en comparaison de ce feu où l'on brûle dans l'autre.

Je demeurai épouvantée, et quoique six ans à peu près se soient écoulés depuis cette vision, je suis en cet instant saisie d'un tel effroi en l'écrivant, que mon sang se glace dans mes veines. Au milieu des épreuves et des douleurs, j'évoque ce souvenir, et dès lors tout ce qu'on peut endurer ici-bas ne me semble plus rien, je trouve même que nous nous plaignons sans sujet. Je le répète, cette vision est à mes yeux une des plus grandes grâces que Dieu m'ait faites; elle a contribué admirablement à m'enlever la crainte des tribulations et des contradictions de cette vie; elle m' a donné du courage pour les souffrir; enfin, elle a mis dans mon cœur la plus vive reconnaissance envers ce Dieu qui m'a délivrée, comme j'ai maintenant sujet de le croire, de maux si terribles et dont la durée doit être éternelle.

Depuis ce jour, encore une fois, tout me parait facile à supporter, en comparaison d'un seul instant à passer dans le supplice auquel je fus alors en proie. Je ne puis assez m'étonner de ce qu'ayant lu tant de fois des livres qui traitent des peines de l'enfer, j'étais si loin de m'enformer une idée juste, et de les craindre comme je l'aurais dû. A quoi pensais-je alors, et comment pouvais-je goûter quelque repos dans un genre de vie qui m'entraînait à un si effroyable abîme? O mon Dieu, soyez-en éternellement béni! Vous avez montré que vous m'aimiez beaucoup plus que je ne m'aime moi-même. Combien de fois m'avez-vous délivrée de cette prison si redoutable, et combien de fois n'y suis-je point rentrée contre votre volonté!

Cette vision a fait naître en moi une indicible douleur à la vue de tant d'âmes qui se perdent, et en particulier

de ces luthériens que le baptême avait rendus membres de l'Église.

Elle m'a donné en outre les plus ardents désirs de travailler à leur salut: pour arracher une âme à de

si horribles supplices, je le sens, je serais prête à immoler mille fois ma vie. Je m'arrête souvent à cette pensée: nous sommes naturellement touchés de compassion quand nous voyons souffrir une personne qui nous est chère, et nous ne pouvons nous empêcher de ressentir vivement sa douleur quand elle est grande. Qui pourrait donc soutenir la vue d'une âme en proie pour une éternité à un tourment qui surpasse tous les tourments? Quel cœur n'en serait déchiré? Émus d'un commisération si grande pour des souffrances qui finiront avec ]a vie, que devons-nous sentir pour des douleurs sans terme? Et pouvons-nous prendre un moment de repos, en voyant

la perte éternelle de tant d'âmes que le démon entraîne chaque jour

avec lui dans l'enfer?

Je puise encore là un désir non moins ardent: c'est que l'affaire si importante de notre propre salut nous occupe tout entiers. Non, point de réserve: faisons tout ce qui dépend de nous, et ne cessons de demander à cette fin le secours de la grâce. Voici la réflexion que je fais: Toute méchante que j'étais, j'avais quelque soin de servir Dieu; j'évitais certaines fautes que l'on compte pour rien dans le monde; Notre Seigneur me faisait aussi la grâce de supporter de grandes maladies avec une inaltérable patience; je n'étais portée ni à murmurer ni à médire; il m'aurait été, ce me semble, impossible de vouloir du mal à qui que ce fût; je n'étais point travaillée par la convoitise; mon cœur ne connaissait pas l'envie, ou s'il en éprouva quelque atteinte, jamais du moins je ne me sentis coupable en cela d'aucune faute grave; il y avait en moi quelques autres dispositions à la vertu; enfin, quoique très misérable, j'avais presque toujours devant les yeux la crainte du Seigneur; malgré tout cela,

j'ai vu la triste demeure que les démons m'avaient préparée;

et si le supplice que j'endurai fut terrible, il me semble, en vérité,

que par mes fautes j'en avais mérité un plus grand.

N'ai-je donc pas raison de dire qu'il est dangereux de croire qu'on fait assez pour le service de Dieu? Comment surtout une âme qui, à chaque pas, tombe en péché mortel, peut-elle goûter un seul moment de repos et de bonheur? Pour l'amour de Dieu, qu'elle se hâte de fuir les occasions, et ce Dieu de bonté ne manquera pas de venir à son secours, comme il l'a fait mon égard. Plaise au Seigneur de me soutenir désormais, afin que je ne tombe plus! car j'ai vu où mes chutes me feraient descendre. Qu'il me préserve d'un tel malheur, je l'en conjure au nom de sa bonté infinie! Amen.

Cette vision et d'autres grands secrets qu'il plut au Seigneur de me découvrir,

relativement à la félicité future des justes et aux peines des méchants, me faisaient soupirer après un genre de vie où je pusse faire pénitence de mes péchés, et me rendre tant soit peu digne de cette gloire du ciel qui m'avait été montrée.

Fuir tout commerce avec les créatures, et me séparer entièrement du monde, était mon unique vœu.

Cette pensée occupait sans cesse mon esprit; mais loin de le troubler, elle y versait une paix délicieuse: il était manifeste qu'elle venait de Dieu, et que sa divine Majesté donnait à mon âme cette nouvelle chaleur pour digérer une nourriture plus forte que celle dont elle s'était nourrie jusque-là. Recherchant donc ce que je pourrais faire pour sa gloire, il me sembla que je devais commencer par satisfaire aux devoirs de ma vocation, en gardant ma règle avec la plus parfaite fidélité dont je serais capable.

Quoique le monastère où j'étais comptât un grand nombre de servantes de Dieu et que Notre Seigneur y fût très bien servi, la pauvreté y était si grande, que les religieuses se voyaient souvent obligées d'en sortir, pour aller passer quelque temps dans des maisons où toujours, du reste, elles pouvaient se conduire en tout honneur et toute religion.

Ce monastère n'avait pas non plus été fondé dans la rigueur de la première règle; on y vivait,

comme dans tout l'ordre, conformément à la bulle de mitigation.

Outre plusieurs autres inconvénients je menais, me semblait-il, une vie trop commode, parce que la maison était vaste et fort agréable. Mais, de tous les dommages, le plus grave à mes yeux était ces fréquentes sorties dont j'usais plus que d'autres; car certaines personnes, à qui nos supérieurs ne pouvaient le refuser, souhaitant m'avoir en leur compagnie, l'obtenaient d'eux par leur importunité. Il résultait de là que je restais peu dans mon monastère. Le démon devait sans doute y contribuer aussi, jaloux du grand bien que je faisais à quelques-unes de mes sœurs, en leur communiquant les instructions des maîtres spirituels que je consultais.

 

Je m'entretenais une fois avec quelques personnes, lorsqu'une d'entre elles nous dit que si nous étions déterminées à vivre comme les religieuses déchaussées, il serait possible de fonder un monastère.

Cette proposition répondant parfaitement à mes désirs, j'en parlai à cette dame veuve qui était de mes amies (Guiomar de Ulloa), et dans les mêmes sentiments que moi. Elle s'occupa aussitôt des moyens d'assurer des revenus au nouveau monastère. Comme je le vois maintenant, il n'y avait guère d'apparence de succès; mais avec l'ardeur de nos désirs, la chose nous semblait possible. D'un autre côté, vivant très contente dans la maison où j'étais, la trouvant fort à mon goût, et ma cellule tout à fait au gré de mes désirs, je balançais encore; il fut néanmoins convenu entre cette dame et moi que nous recommanderions beaucoup l'affaire à Dieu.

Un jour, au moment où je venais de communier, Notre Seigneur me commanda expressément de m'employer

de toutes mes forces à l'établissement de ce monastère, me donnant la formelle assurance qu’il réussirait, et que la

ferveur avec laquelle il y serait servi lui procurerait beaucoup de gloire. Il voulait qu'il fût dédié sous le nom de saint Joseph;

ce saint veillerait à notre garde à l'une des portes, et la très sainte Vierge à l'autre, tandis que lui,

Jésus-Christ, serait au milieu de nous; cette maison serait une étoile qui jetterait une grande splendeur;

quoique les ordres religieux fussent relâchés, je ne devais pas croire qu'il en tirât peu de gloire ni peu de service: et que deviendrait le monde, s'il n'y avait des religieux? Enfin il m'ordonnait de déclarer à mon confesseur (P. Balthazar Alvarez) le commandement qu'il venait de me faire, et de lui dire qu'il le priait de ne pas s'y opposer et de ne pas m'en détourner.

Cette vision et ces paroles agirent d'une manière si puissante sur mon âme, que je ne pus douter que Dieu n'en fût l'auteur.

Je ne laissai pas néanmoins de ressentir une peine très vive, parce que mon esprit me représenta en ce moment une partie des travaux et des croix que devait me coûter une pareille entreprise. Je me trouvais d'ailleurs très contente dans le monastère où j'étais; et si j'avais commencé à traiter de cette affaire, ce n'avait été ni avecune déterminationarrêtée, ni avec certitude qu'elle réussirait. Ici Notre Seigneur me donnait un ordre pressant; et comme j'entrevoyais les grandes difficultés que j'allais rencontrer, je balançais encore sur ce que j'avais à faire.

Mais le divin Maître me commanda tant de fois la même chose, et me présenta des raisons si nombreuses et si évidentes pour l'entreprendre, que, ne pouvant douter que ce ne fût sa volonté, je n'osai différer davantage d'en parler à mon confesseur.

Je lui donnai par écrit la relation de tout ce qui s'était passé. Quoique, d'après les lumières de la raison, il ne vît guère d'apparence de succès dans un tel dessein, à cause du peu de ressources de mon amie pour subvenir aux frais de la fondation, il n'osa pas m'en détourner formellement; il me dit de le proposer au provincial de notre ordre (P. Ange de Salazar, provincial de Castille), et de m'en remettre à sa décision.

Je me conformai à cet avis; mais comme je n'avais pas coutume de parler à ce supérieur des visions dont j'étais gratifiée, ce fut cette dame qui lui déclara notre dessein de fonder un couvent. Ce père, qui est ami de tout ce qui tient à la perfection de l'état religieux, entra aussitôt dans les intentions de ma compagne, lui promit de l'aider et de prendre le monastère sous sa juridiction. Ils parlèrent du revenu nécessaire au nouvel établissement, et il fut convenu pour diverses raisons que le nombre des religieuses ne dépasserait jamais celui de treize. Avant d'en venir là, nous avions écrit au saint frère Pierre d'Alcantara pour l'informer de l'état des choses; il nous avait conseillé de poursuivre cette entreprise, et donné ses avis sur la conduite à tenir.

La sainte consulta aussi, vers cette époque, saint Louis Bertrand, cette grande lumière de l'ordre de Saint-Dominique. Le saint était alors à Valence, en Espagne, où il exerçait la charge de maître des novices. Après avoir recommandé à Dieu, pendant trois ou quatre mois, une aussi importante affaire, il répondit en ces termes: notre projet fut à peine connu dans la ville, qu'il s'éleva contre nous une persécution qui serait bien longue à raconter. Que de mots piquants, que de railleries! On disait de moi que j'étais folle de songer à sortir d'un monastère où je me trouvais si bien; on se déchaînait aussi avec violence contre ma compagne. Elle avait peine à le supporter, et je ne savais que devenir, voyant qu'en certaines choses on avait raison. L’âme navrée de douleur, je me recommandai au divin Maître; il daigna me consoler et relever mon courage, disant que je verrais par là ce qu'avaient souffert les saints qui avaient fondé des ordres religieux; il me restait encore beaucoup plus de persécutions à essuyer que je ne pouvais penser; mais nous ne devions point nous en mettre en peine. Il ajouta quelques paroles particulières pour ma compagne, m'ordonnant de les lui transmettre. A notre grand étonnement, nous nous trouvâmes soudain consolées de tout le passé, et pleines de courage pour résister à tous nos adversaires. Il faut le dire, il n'y avait dans la ville presque personne, même parmi les personnes d'oraison, qui ne nous fût contraire, et qui ne regardât notre projet comme une très grande folie.

Cette affaire fit tant de bruit, et causa tant de trouble dans mon propre monastère, qu'il parut ardu au provincial de lutter seul contre tous; il changea donc d'avis et ne voulut plus consentir à cette nouvelle fondation. Il nous dit que les revenus proposés n'étaient ni sûrs ni suffisants, et que l'opposition à notre projet était trop grande. En tout cela, il semblait bien qu'il avait raison. Enfin, il rétracta sa promesse et le consentement qu'il avait d'abord donné. Comme nous croyions être venues à bout des plus grandes difficultés, notre peine fut bien vive. J'en eus surtout beaucoup de voir que le provincial nous était contraire, car son approbation m'aurait suffi pour me justifier aux yeux de tout le monde. Quant à ma compagne, on ne voulait plus lui donner l'absolution si elle ne renonçait à ce dessein, parce que, disait-on, elle était obligée de faire cesser le scandale.

Avant que notre provincial eût ainsi changé d'avis, et dans le temps où personne dans la ville ne voulant nous donner de conseil, on nous accusait de ne suivre que nos têtes, cette dame était allée trouver

un religieux  de l'ordre de Saint-Dominique, grand serviteur de Dieu

et très savant (Père Ibañez).

Elle avait informé ce saint homme de toute l'affaire, lui disant ce qu'elle pouvait donner de son patrimoine pour la fondation; elle désirait beaucoup être aidée de ses lumières, car c'était l'homme le plus instruit qui fût alors dans la ville, et bien peu dans son ordre lui étaient supérieurs. De mon côté, je lui fis connaître tout notre dessein et quelques-uns des motifs qui nous déterminaient, mais sans lui parler des révélations que j'avais eues; je me contentai de lui dire les raisons naturelles qui nous faisaient agir, désirant qu'il ne prononçât que d'après cet exposé. Il demanda huit jours pour y réfléchir, et voulut savoir si nous étions résolues de suivre ses avis. Je lui répondis que oui; mais malgré cette réponse qui était, ce me semble, l'expression vraie de mes sentiments, je demeurais toujours dans une ferme assurance que l'affaire réussirait. La foi de ma compagne était plus vive que la mienne; rien de tout ce qu'on aurait pu lui dire n'aurait été capable de lui faire abandonner ce dessein.

Quant à moi, je croyais, je le répète, qu'il ne pouvait manquer de réussir; mais, tout en regardant comme vraie la révélation que j'avais eue, je n'y ajoutais foi qu'autant qu'elle n'aurait rien de contraire à la sainte Écriture

et aux lois de l'Église que nous sommes tenus de suivre.

Si ce savant religieux eût dit que nous ne pouvions, sans offenser Dieu et sans blesser notre conscience, poursuivre ce dessein, il me semble que je m'en serais départie à l'heure même, et que j'aurais cherché d'autres voies pour le faire réussir. Le Seigneur ne me donnait pas d'autres lumières pour ma conduite. Ce grand serviteur de Dieu m'a avoué depuis qu'en acceptant de s'occuper de notre projet, il était bien déterminé à faire tout son possible pour nous empêcher de le réaliser. Il connaissait déjà le bruit que la chose avait fait dans la ville, et, comme à tout le monde, ce projet lui paraissait une folie. Il ajouta qu'un gentilhomme, ayant appris que nous l'avions consulté, lui avait envoyé dire de bien réfléchir à ce qu'il allait faire, et de ne nous seconder en aucune manière; mais qu'avant de nous répondre, ayant examiné l'affaire avec grand soin, considéré notre intention et la régularité que nous voulions établir dans ce nouveau monastère, il était demeuré persuadé que ce dessein était fort agréable à Dieu, et qu'il ne fallait pas y renoncer. Ainsi, il nous répondit que nous devions nous hâter de le mettre à exécution; il nous indiqua même la manière de nous y prendre et la conduite à tenir. Il nous dit encore que le revenu qu'on y affectait était insuffisant à la vérité, mais qu'il fallait bien donner quelque chose à la confiance en Dieu. Enfin, il s'offrait à répondre aux difficultés de tous ceux qui s'opposeraient à notre dessein. Depuis ce moment, en effet, il n'a jamais cessé de nous prêter son appui, comme je le dirai dans la suite.

 

 

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Suite !! 

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