Chema Israël ou sh'ma Yisroël (hébreu : שמע ישראל, « Écoute, Israël ») est l'incipit du verset Deutéronome 6:4, shema Israël YHWH elohenou YHWH e'had (« écoute Israël, YHWH [est] notre elohim, YHWH [est] un »), duquel découlent les conceptions théoriques et applications pratiques fondamentales du judaïsme.
Le chema Israël dans les sources juives
Le chema Israël s'insère selon la Bible dans un long sermon prodigué par Moïse aux enfants d'Israël peu avant sa mort. Énoncé après la seconde version du Décalogue, il constitue le fondement du message mosaïque : le Dieu d'Israël est Un et il n'y en a pas d'autre.
La section Deutéronome 6:5-9 qui fait directement suite au chema et constitue avec lui la parashat shema en est aussi le premier commentaire[1]. Il expose en effet ses modalités théoriques et pratiques, prescrivant de le réaliser dans l'amour de Dieu, de le méditer en tout lieu et à toute heure, de le transmettre à ses fils et de s'en faire un signe sur la main, entre les yeux et aux linteaux des portes et portails.
La section Deutéronome 11:13-21 reprend le message de la parashat shema en le paraphrasant et en l'amplifiant. Josué 1:8 le rappelle plus succinctement.
Les prophètes d'Israël élaborant sur le verset du chema prophétisent un temps où le Dieu d'Israël sera aussi celui des nations[2], comprenant donc le chema comme
une affirmation univoque du monothéisme rejetant d'autres cultes.
L'« acceptation du joug de la royauté des cieux » véhiculée par le chema Israël[3] est considérée au moins depuis l'époque des Maccabées[4] comme une prescription (et non une simple affirmation) pour laquelle il vaut mieux mourir que transgresser, en sacrifiant à des idoles[5].
Le verset du chema est abondamment investigué par les Sages. Ils enseignent d'une part que le verset ne vise pas seulement à rejeter le polythéisme mais aussi le dualisme[6]
développer ici l'exégèse de Un (Un dans le temps, Un dans le bon comme dans le mauvais, etc. assitem li hativa, aasse lahem hativa …)
puis les autres traditions dérivées de la parasha dont la lecture du shema, l'étude de la Torah, les tefillin, la mezouza et l'exégèse de Rabbi Akiva qui a abouti au shema avant la mort
Plusieurs traditions orales attestent de l'application de cette prescription dès l'époque du Temple[7] : les prêtres du Temple proclament deux fois par jour le shema Israël (c'est-à-dire le verset Deutéronome 6:4) et l'assemblée répond en chœur baroukh shem kevod malkhouto lèolam vaèd[7] (« béni soit le Nom dont la gloire du royaume est à jamais » ou « béni soit à jamais le nom de Son règne glorieux »).
Il convient donc :
Cette section est rapidement associée au chema ainsi que la section Deutéronome 11:13-21 lors de divers rites[8].
Les Juifs considèrent rapidement l'affirmation du monothéisme, excluant tout dualisme[9] et, de manière générale, tout polythéisme comme une prescription à part entière ; son importance est telle qu'il vaut mieux mourir que la transgresser.
Chémâ Israël, Chmâ ou Sh'ma Yisroel selon la prononciation ashkénaze (hébreu : שמע ישראל ; « Écoute, [Ô] Israël ») sont les deux premiers mots d'une section de la Bible, devenue la prière centrale des offices matinaux et vespéraux dans le Judaïsme, car elle comporte l'une des affirmations les plus pures et les plus univoques du monothéisme sur lequel s'articule le judaïsme.
La deuxième phrase de cette prière (Béni soit le Nom de l'Honneur de Son règne à jamais) n'est pas directement issue de la Bible, et se dit à voix basse, sauf au Jour du Grand Pardon.
Le Chémâ est considéré comme la profession de foi et l'une des plus importantes prières du judaïsme, à réciter en se levant, en se couchant (sur son lit, mais aussi son lit de mort), sur le chemin, dans son foyer, et à enseigner à ses enfants. Il enjoint à aimer Dieu, le Dieu Un, de tout son cœur, de tout son esprit et de tout son surcroît (c'est-à-dire de se surpasser à chaque instant dans cet amour).
Cette prière a fortement frappé la culture populaire, qui l'associe au judaïsme, un peu comme le Pater Noster l'est au christianisme ou la Fatiha à l'islam.
Selon Shneur Zalman de Liadi, auteur du Tanya, la hassidout ou piété, est le Chema Israël : le mot Chema est composé d'initiales signifiant « levez vos yeux vers le haut » (à ne pas confondre avec lever les yeux vers les cieux), « vers le haut » signifiant toujours plus haut, jusqu'à un niveau qui transcende l'esprit mais est intellectuellement compris par lui.
Traduction française | Transcription | Texte original |
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Écoute, Israëla, l'Éternel, notre Dieu, l'Éternel est UN. | Chmâ, Israël, Ado-nay Elo-henou, Ado-naï Ehad' | שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל: יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד. |
Béni soit à jamais le nom de Son règne glorieux.b | Baroukh chem kevod malkhouto le'olam vaed | |
Tu aimeras l'Éternel ton Dieu, de tout ton cœurc, de toute ton âme et de tous tes moyens |
Veahavta ett Ado-naï Elo-hekha, bekhol levavekha, ou bekhol nafchekha, ou bekhol meodekha |
וְאָהַבְתָּ, אֵת יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, בְּכָל-לְבָבְךָ וּבְכָל-נַפְשְׁךָ, וּבְכָל-מְאֹדֶךָ.ּ |
Que les commandements que je te prescris aujourd'hui soient gravés dans ton cœurc |
Vehayou hadevarim ha'ele acher Anokhi metsavekha hayom al levavekha |
וְהָיוּ הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה, אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוְּךָ הַיּוֹם--עַל-לְבָבֶךָ ּ |
tu les inculqueras à tes enfants, tu en parleras (constamment), dans ta maison ou en voyage, en te couchant et en te levant. |
Vechinantam levanekha, vedibarta bam, bechivtekha beveithekha ouv'lekhtekha baderekh, ou'bchokh'bekha ouv'koumekha |
וְשִׁנַּנְתָּם לְבָנֶיךָ, וְדִבַּרְתָּ בָּם, בְּשִׁבְתְּךָ בְּבֵיתֶךָ וּבְלֶכְתְּךָ בַדֶּרֶךְ, וּבְשָׁכְבְּךָ וּבְקוּמֶךָ |
Attache les en signe sur ta main, et porte les comme un fronteau entre tes yeux |
Oukchartam le'ot al yadekha, vehayou letotafot bein einekha |
וּקְשַׁרְתָּם לְאוֹת, עַל-יָדֶךָ; וְהָיוּ לְטֹטָפֹת, בֵּין עֵינֶיך |
Écris-les sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. | Oukhtavtam al mezouzot beithekha ouvicharekha | וּכְתַבְתָּם עַל-מְזֻזוֹת בֵּיתֶךָ, וּבִשְׁעָרֶיך |
Cet enseignement, c'est le monothéisme, il est temps de l'écouter, et d'accepter sur soi le joug de la royauté des cieux (kabbalat ol malkhout chamaïm) (Michna Berakhot 2:5). Les Israélites ont été jusque là monothéistes « par tradition », il est temps qu'ils comprennent l'une des notions les plus ardues du judaïsme, et l'une de ses plus fondamentales : l'Éternel, qui Est notre Dieu (Tout-puissant), Est Un.
Non seulement Un Seul (Unique), mais Un : la multiplicité de ses attributs, générosité, justice, miséricorde, etc. est apparente, et due à l'échec de l'homme d'appréhender, dans toute l'étendue de sa finitude, l'infinité dans toute l'étendue de son infinitude. La générosité de Dieu est Sa justice, est Sa miséricorde
. Cet enseignement est si difficile que Maïmonide commence son Michné Torah par les mots « Sache qu'il existe un Être Premier à la base de tout ». Sache et non Crois (d'après un enseignement oral du Rav Léon Askénazi, dit Manitou - voir La signification morale du monothéisme sur son site et les responsa 11822 et suivants sur cheela.org)
Rabbi Josué ben Levi (un Amora fortement réputé pour ses enseignements aggadiques) dit : « Jacob, juste avant de mourir, était sur le point de révéler la fin des temps (Fin des Jours) à ses enfants, lorsque la Chekhina (Présence divine) se détourna subitement de lui. Jacob craignit qu'un de ses enfants fût peut-être indigne. Cependant, ils s'exclamèrent tous « Écoute, Ô Israël : le Seigneur notre Dieu, le Seigneur Est Un », ce par quoi ils voulaient dire : « En Dieu nous sommes tous uns (en la croyance de Dieu, nous sommes tous unis) » ; alors Jacob répondit : « Baroukh Chem (Kevod leolam va'ed) ». » (traité Pessa'him. 56a ; voir aussi Berechit Rabba 98.).
Veahavta (Et tu aimeras)
Le reste de la première section, nommé d'après le premier mot suivant la proclamation du Chémâ dans la Torah, enjoint d'aimer Dieu à tout moment, en tout lieu, et de l'enseigner à ses enfants.
Obligation d'enseigner la Torah (« ces paroles »), le passage contient de subtiles références aux Dix Commandements énumérées dans le Talmud.
Elle contient aussi, selon les Juifs rabbanites, une allusion aux tefilin et aux parchemins à faire figurer dans une mezouzah, devenue par la vertu de ce verset un « signe distinctif » d'une maison juive.
Les Karaïtes ne reconnaissent pas l'usage des tefilin (ils interprètent totafot comme zikaron, « souvenir »), et leurs mezouzot ne comprennent pas ces parchemins (il s'agit de plaques reprenant les Dix Commandements).
La prescription de proclamer le Chémâ deux fois par jour est immédiatement tirée de la première section du Chémâ lui-même (Deut 6:7 : « à ton coucher, à ton lever » ; voir Talmud de Babylone traité Berakhot 2a).
Sa récitation biquotidienne a été, selon Flavius Josèphe, prescrite par Moïse lui-même (« Antiquités » 6:8), et a de tous temps été considérée comme un commandement divin (cependant, il y a une opinion différente dans le Sifre sur Deut. 31).
Selon le Talmud (Soukkot 42a), dès qu'un enfant commence à parler, il est prescrit à son père de lui apprendre le verset « Torah tsiva lanou Moshe, morasha kehilat Yaakov » (Moïse nous a prescrit une loi, héritage pour la congrégation de Jacob—Deut 33:4) et de lui apprendre à lire le Chémâ.
La première section du Chéma est également récitée avant de se coucher.
Pour Rachi, c'est une coutume instituée afin de bien s'acquitter de la récitation du Chémâ « à ton coucher », car le moment où le Chémâ est proclamé dans les synagogues pour l'office du soir est trop précoce par rapport au moment où les gens vont vraiment se coucher.
Pour d'autres, c'est dérivé du verset 4:4 des Psaumes « Parlez en vos cœurs sur votre couche, puis taisez-vous ».
Quoi qu'il en soit, c'est une institution rabbinique et non biblique.
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Ou que votre maison s'écroule,
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-les à vos enfants.
Le premier de tous les commandements est : «Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est un seul Seigneur ; et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta pensée, et de toute ta force».
«Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta force, et de toute ta pensée»
«Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta pensée». C’est là le grand et premier commandement.
La Chahada, proclamation de foi musulmane, donc « équivalent » du Chémâ Israël, commence par ces mots
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