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1671 ALACOQUE ! DéVOTION AU SACRé COEUR! DISCIPLE DU SACRé COEUR ! REMPLIR CE RÔLE PAR VOTRE LIVRE ! POUR SE RéPANDRE DANS LE MONDE

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Marguerite-Marie_Alacoque

Le 25 mai 1671, à l'âge de 24 ans, elle entra au monastère et, en novembre 1672, elle prononça ses vœux perpétuels. De santé fragile, elle n'en continuait pas moins ses flagellations, ainsi que les macérations les plus extrêmes,voire les plus répugnantes, qu'elle mentionne elle-même dans ses Mémoires[1].

Peu après son entrée au monastère, elle reçoit, d'après son propre témoignage, plusieurs apparitions privées du Christ. La plus célèbre de ces apparitions est celle de juin 1675 : Jésus lui aurait alors montré son cœur en disant : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, [...] jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour, et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes... ». Une autre fois, il lui aurait dit : « Mon divin Cœur est [...] passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier ».

Dès lors, Marguerite-Marie a pensé avoir été investie de la mission d'établir une dévotion

particulière envers le Sacré-Cœur.

Avec l’aide du Père Claude La Colombière, que Jésus lui aurait présenté comme son « vrai et parfait ami », Marguerite-Marie fera connaître le message que Jésus lui aurait adressé.

C’est le début du culte du Sacré-Cœur. Inspirée par le Christ, Marguerite-Marie établit la pratique de l'Heure Sainte, qui pour elle consistait à prier, étendue par terre, le visage contre le sol depuis onze heures du soir jusqu'à minuit le premier jeudi de chaque mois, afin de partager la tristesse mortelle qu'avait supportée le Christ, quand il fut abandonné à son agonie par ses Apôtres, puis à recevoir le lendemain la Communion. Le Christ lui aurait confié désirer choisir que soit célébrée une fête en l'honneur de son Cœur le vendredi qui suit l'octave de la fête du Corps du Christ; et il aurait appelé la sainte « disciple bien-aimée du Cœur Sacré » et héritière de tous Ses trésors. Au cours de sa dernière maladie, elle refusa tout soulagement, ne cessant de répéter : « Ce que j’ai dans le Ciel et ce que je désire sur la terre, c’est toi seul, ô mon Dieu » et elle mourut en prononçant le nom de Jésus.

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/margueritemarie/index.htm

C'est cette pieuse avidité des âmes qui multiplie les éditions de la Vie de Marguerite-Marie, en assure le succès qui vous réjouit et que 'nous constatons avec bonheur.

A mesure donc que la dévotion au Sacré Cœur se développe et qu'elle irradie le monde, s'étend aussi la gloire de notre Sainte. Son nom honoré est dans toutes les mémoires et sur toutes les lèvres.

Elle a été l'apôtre du Sacré Cœur avec joie, avec persévérance, avec une intensité de zèle qui ravit.

Mais, à son tour, le Sacré Coeur prend soin d'exalter sa fidèle servante et de lui procurer, dans le ciel de l'Église, la plus triomphante ascension.

Et ainsi montrée au monde, maintenant que l'auréole des Saintes la couronne et l'impose à l'attention de tous, Marguerite-Marie nous apprend, avec plus de force et d'autorité, comment nous devons pratiquer la dévotion au Sacré Coeur, faire de l'amour divin le centre de notre âme, la loi de notre vie, la cause de notre sainteté.

Avec quel art et quelle persuasion elle peut remplir ce rôle, nul ne saurait en douter. Mais la Vie que vous faites paraître et qui se répand partout mettra en plein relief la méthode par laquelle on devient le disciple du Sacré Coeur.

Votre Marguerite-Marie a été « chargée d'office d'attirer toutes les âmes » au divin Coeur.

La Visitation a reçu la mission de le faire connaître, aimer, et de « distribuer aux autres » la « précieuse monnaie » de « ce trésor inépuisable » où « plus l'on prend, plus il y a à prendre. »

Vous remplirez ce rôle par votre livre et vous contribuerez à convaincre

les chrétiens et les chrétiennes de notre temps que le sacré Coeur de Jésus

« est la source de tous biens, qui ne cherche qu'à se « répandre et à se communiquer. »

Nul autre ne fait mieux connaître l'âme de la Bienheureuse, ses relations intimes avec Notre-Seigneur,

et l'esprit de la dévotion au Sacré Cœur, dont elle a été l'évangéliste et l'apôtre.

Je fais des voeux pour que ce livre se répande de plus en plus, pour apprendre aux âmes à aimer davantage et à mieux honorer

le Coeur sacré de Jésus.

D'un bout à l'autre de la vie de Marguerite-Marie, l'amour de Dieu est inséparable de l'amour de la souffrance sous toutes les formes possibles. Elle s'y sent attirée d'une manière irrésistible et s'y porte avec un courage vraiment admirable. Et cela ne vient pas en elle de l'étude, d'un enseignement quelconque de la terre. C'est le fruit immédiat de l'Esprit-Saint qui imprime dans cette âme le sens et la pratique de la maxime du Maître : « Si quelqu'un veut être mon disciple, qu'il se renonce lui-même, qu'il porte sa croix et qu'il me suive. » Marguerite-Marie entre dans cette voie dès sa plus tendre jeunesse et y sera de plus en plus fidèle jusqu'à la fin de sa carrière en ce monde.— Il semble qu'elle prélude par là à la dévotion du Sacré-Coeur telle qu'elle lui sera manifestée, qu'elle la pratiquera elle-même, qu'elle l'enseignera à toutes lés personnes avec qui elle sera en relation. Admirable sagesse de Notre-Seigneur, qui veut ainsi former l'instrument dont il se servira bientôt et donner, dans la vie de sa confidente et messagère, le modèle vivant de la dévotion qu'il se propose d'établir.

L'exposé des différentes apparitions relatives à la manifestation de la nouvelle dévotion est fait d'une manière complète et saisissante. Mais immédiatement après, on nous raconte en détail tout ce que Marguerite-Marie eut à souffrir avant de pouvoir réaliser la mission dont elle avait été chargée. Elle dut d'abord accepter d'être victime d'expiation pour les imperfections de ses Soeurs.

Le Monastère de Paray-le-Monial était le berceau d'où allait partir, pour se répandre dans le monde, la dévotion an Sacré Coeur.

Il fallait le purifier des taches qui ternissaient l'éclat de sa vie religieuse. Le récit, aussi complet que possible, de ce (XVII) qu'exigea d'elle le Dieu de toute pureté nous montre que l'amour divin ne peut s'épanouir et se développer dans les coeurs que lorsque ceux-ci ont été dégagés de tout alliage. Cette purification était une condition nécessaire, mais elle ne suffisait pas.

Marguerite-Marie dut gagner, par des années de souffrances, de mortifications, d'épreuves de tout genre, le radieux éclat que la dévotion au Sacré-Coeur jetterait :enfin dans les dernières années de sa vie ici-bas. — Et c'est là un troisième enseignement, également très important, qui découle de sa vie. Lorsque nous entreprenons de travailler à l'extension du règne du Sacré Coeur, il nous semble que tout doit marcher rapidement au gré de nos désirs. A peine avons-nous mis la main à l'oeuvre, que nous voudrions déjà atteindre le but. Telle n'est pas la marche de la Providence, et les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées. Il veut que nous travaillions avec ardeur et persévérance, mais en laissant à sa sagesse et à sa puissance le soin de féconder nos efforts à l'heure qu'il aura lui-même marquée. Le succès ne vient pas de nous, mais uniquement de sa grâce. En attendant, il faut se sanctifier, souffrir et prier pour que la cause de Dieu avance.

Ce mouvement ne semble pas devoir se ralentir, puisque la dévotion envers la disciple du Coeur de Jésus progresse parallèlement avec la dévotion envers Lui.

Partout, en effet, où germe et se développe le culte du Sacré Coeur, les âmes se montrent avides de mieux connaître l'humble confidente du Dieu d'amour et de miséricorde, celle qu'il a Lui-même choisie, non seulement pour lui révéler personnellement son divin Coeur, mais encore pour en être l'apôtre et l'évangéliste au sein de l'Église catholique.

Et c'est ainsi que la chère Sainte de Parayle-Monial, qui n'ambitionnait qu'une chose : « être ensevelie dans un éternel oubli et mépris des créatures », voit maintenant, de par la volonté divine, son nom invoqué dans tous (XIX) les pays et son intercession réclamée comme une grâce par les grands et les petits.

Sainte Marguerite-Marie reste bien le trésor particulier de son monastère, de son Ordre et de la France; mais, du fait même de sa mission, sanctionnée par la suprême autorité de l'Église, elle appartient à tout le monde. N'est-elle point chargée d'office de distribuer à tous les hommes les richesses infinies du Coeur de son Dieu ?

Quelle incomparable investiture ! Notre-Seigneur lui disait un jour :

« Je te constitue héritière de mon Coeur et de tous ses trésors pour le temps et l'éternité,

te permettant d'en user selon ton désir. »

Ce n'est pas en vain qu'un Dieu prononce une telle parole. Or, ce qu'il dit, c'est ce qu'il veut et il le maintient. Et, chaque jour davantage — surtout depuis que Marguerite-Marie est devenue une sainte canonisée —  le Maître se plaît à répandre ses faveurs par elle.

Nombreuses sont les grâces obtenues par sa médiation ; et on, en compte de toutes sortes — des temporelles comme des spirituelles. Il nous est doux de le publier, faisant ainsi écho à la reconnaissance de tous ceux qui ont éprouvé le bienfaisant secours de la Vierge de Paray.

 

Après avoir montré à tous le Sacré Coeur et s'être abîmée en lui,

elle resterait comme chargée d'office d'attirer toutes les âmes à ce Coeur divin.

Telle devait être sa mission spéciale. Comment le ciel l'y prépara-t-il ?

Pour avoir la réponse, pénétrons dans son âme. Dieu a voulu que la clef de ce sanctuaire fût conservée.

D'une écriture très serrée, mais aussi belle que caractéristique, cet autographe de (3) soixante-quatre pages forme un des plus précieux trésors du monastère de la Visitation de Paray-le-Monial.

Là, nous puiserons le plus souvent, afin de laisser la disciple et l'apôtre du Coeur de Jésus se révéler elle-même.

Quand on lit de suite, ou même quand on ouvre au hasard le Mémoire de la Servante de Dieu, une chose frappe : évidemment ces pages sont tracées sans aucune prétention littéraire ; l'humain en est absent. Par contre, le divin s'y fait sentir. De la première à la dernière ligne, il règne un souffle de vérité et de transparente humilité qui saisit.

Et cette conclusion s'impose . derrière Marguerite, à côté d'elle, ou plutôt en elle, il y a quelqu'un qu'elle contemple sans cesse, qui l'inspire sans cesse et c'est de Celui-là seul qu'elle s'inquiète.

Dès lors, pourquoi s'occuperait-elle de semer son récit de dates, que le lecteur aimerait tant à rencontrer, mais qui, pour elle, n'ajouteraient rien à la, grandeur des choses qu'elle raconte ? (1) Obligée d'écrire par obéissance, elle écrit selon que ses souvenirs lui reviennent —  c'est tout.

Aussi, se tournant tout d'abord vers son souverain Maître, lui proteste-t-elle que c'est pour l'amour de lui seul qu'elle se soumet, et lui demande-t-elle de n'écrire rien que pour sa plus grande gloire, à lui, et sa plus grande confusion, à elle.

O mon unique Amour, combien vous  suis-[je] redevable de m'avoir prévenue dès ma  plus tendre jeunesse, en vous rendant le maître  et le possesseur de mon coeur !... Aussitôt que je  me sus connaître, vous fîtes voir à mon âme la  laideur du péché, qui en imprima tant d'horreur  dans mon coeur, que la moindre tache m'était  un tourment insupportable; et pour m'arrêter  dans la vivacité de mon enfance, l'on n'avait  qu'à me dire que c'était offenser Dieu : cela  m'arrêtait tout court et me retirait de ce que  j'avais envie de faire (1). »

 

Marguerite sut toujours passer à côté des pièges tendus devant son innocence, se gardant toute pure sous l'œil de son Dieu. Au reste, lui-même veillait à ce que rien ne vînt ternir la candeur de cette Fleur des champs, dont il voulait se réserver exclusivement le parfum et la beauté. Il donnait à cette petite enfant de tels élans vers la pureté que, de son aveu, « sans savoir ce que c'était, » elle se sentait continuellement pressée de dire ces paroles :

« O mon Dieu, je vous consacre ma pureté et je vous fais voeu de perpétuelle chasteté (1). »

Une fois même elle les prononça entre les deux élévations de la messe. Ainsi donc, sans qu'elle en eût encore positivement l'intelligence, Marguerite était déjà marquée d'un sceau divin.

 D'autres fois, elle mettait ses délices à invoquer la sainte Vierge, récitant le rosaire, les genoux nus en terre, ou faisant autant de génuflexions en baisant la terre qu'elle prononçait d'Ave Maria.

 

Ce fut là que Marguerite fit sa première communion, n'étant âgée que d'environ neuf ans.

Initiée déjà aux mystères de Dieu par Dieu lui-même, ce fut bien autre chose après ce premier

contact sacramentel de son âme avec Notre-Seigneur Jésus Christ.

L'Homme-Dieu devint son Maître. Or, les leçons qu'il donne ne ressemblent en rien à celles des maîtres d'ici-bas.

Mais, dès cette époque, Dieu répandit tant d'amertumes sur ceux qui se présentaient à elle, que petit à petit, son coeur se' détachant de la créature, chercha son unique repos dans le Créateur.

Cependant, pour attacher plus indissolublement cette âme au joug de son amour, Notre-Seigneur permit qu'une étrange maladie vînt encore faire faire de plus sérieuses réflexions à Marguerite. Elle tomba dans un tel état de faiblesse et de maigreur, qu'au bout de deux années, sa mère la retira du couvent. Revenue dans sa famille, elle y fut encore longtemps la proie de cet inexplicable mal, « Je fus environ quatre ans sans pouvoir marcher, » dit-elle, « les os me perçaient la peau de tous côtés (1). » Aucun remède ne se montrait efficace; mais dès que la jeune infirme eut fait voeu à la sainte Vierge d'être un jour une de ses filles, si elle la guérissait, toute trace de ses précédentes souffrances disparut.

Dès lors, Notre-Dame se fit la céleste directrice de celle qu'elle venait de rendre à la vie. Elle la reprenait des moindres fautes. Un jour, Marguerite avait pris la liberté de s'asseoir en disant son rosaire. Jamais elle n'oublia la réprimande maternelle que lui en adressa cette Reine de miséricorde : « Je m'étonne, ma fille, que tu me serves si négligemment (2). »

Ne serait-ce point pour faire oublier cette sorte de nonchalance à sa Mère du Ciel et prendre sa filiale revanche, que Marguerite fit plus tard le voeu de jeûner tous les samedis en l'honneur de la sainte Vierge, de lui dire l'Office de son Immaculée Conception et de faire sept génuflexions tous les jours de sa vie, « avec sept Ave Maria, pour honorer ses sept douleurs? (3) »

 

En attendant, à peine eut-elle miraculeusement recouvré la santé que le monde chercha, lui aussi, à ressaisir son empire sur cette jeune fille qui, sans offenser Dieu, pouvait légitimement se laisser aller aux divertissements de son âge. Il n'est pas sans intérêt d'entendre notre Sainte avouer elle-même ses tentations et ses faiblesses à ce sujet : « Je ne pensais plus qu'à chercher du plaisir dans la jouissance de ma liberté ». Et plus loin : « [Je] commençai donc à voir le monde et à me parer pour lui plaire, cherchant à me divertir autant que je pouvais (1). »

En un autre endroit de sa Vie écrite par elle-même, Marguerite confesse, dans l'amertume de on repentir, qu'une fois au temps du carnaval, elle alla même jusqu'à se déguiser avec d'autres jeunes filles, par une vaine complaisance pour le monde.

Mais ici encore, le Seigneur, jaloux de la sanctification de sa servante, sut bien placer la croix à côté de l'entraînement et de la légèreté du siècle. « O mon Dieu, je ne pensais pas alors ce que vous m'avez bien fait connaître et expérimenter du depuis (sic),

qui est que votre sacré Coeur, m'ayant enfantée sur le Calvaire avec tant de douleur,

que la vie que vous m'y aviez donnée ne pouvait s'entretenir que par l'aliment de la croix,

laquelle serait mon mets délicieux (2).

Madame Alacoque, dépouillée de son autorité dans sa propre maison depuis la mort de son mari,se voyait soumise avec sa fille à une véritable servitude. La persécution était continuelle, et pendant plusieurs années, Marguerite eut à subir un genre de martyre, dont Dieu seul connut la blessante mais purifiante pression.

Ce qui augmentait encore l'angoisse de cette position, c'étaient les fréquentes maladies de Madame Alacoque, dans lesquelles Marguerite se voyait privée même des moyens les plus élémentaires de la soulager. Une fois surtout, sa peine alla jusqu'à l'extrémité, cette bonne mère souffrant cruellement d'un érésipèle si malin, que personne ne voulait approcher, ni panser sa plaie. Sa fille, étant allée à la messe un jour de la Circoncision, supplia Notre-Seigneur d'être lui-même le médecin et le remède de sa pauvre mère. De retour auprès d'elle, Marguerite trouva le mal ouvert et formant une plaie large et envenimée. Sans « autre onguent que ceux de la divine Providence, » elle se mit à la panser, avec tant de confiance en la bonté de son Seigneur, qu'en peu de jours, ce mal invétéré fut guéri, contre toute apparence humaine. Où cette jeune fille, qui, jusque-là, ne pouvait ni voir ni toucher des plaies, avait-elle pris un tel courage ? — En Celui qui la fortifiait. « Mon divin [Maître], » dit-elle, « me consolait et  substantait d'une parfaite conformité à sa très  sainte volonté. » Et, ne se prenant qu'à lui de tout ce qu'il lui envoyait, elle s'écriait : « O mon souverain Maître, si vous ne le vouliez, cela n'arriverait pas; mais je rends grâces de quoi vous  le permettez pour me rendre conforme à vous (1). »

Elle ne rêvait plus que d'apprendre à faire l'oraison, mais, écrit-elle, « je n'en savais autre  chose que ce mot d'oraison, qui ravissait mon  cœur. Et m'étant adressée à mon souverain  Maître, il m'apprit comme il voulait que je la  fisse, ce qui m'a servi toute ma vie. Il me faisait prosterner humblement devant lui, pour lui  demander pardon de tout en quoi je l'avais  offensé, et puis, après l'avoir adoré, je lui offrais  mon oraison, sans savoir comme il m'y fallait  prendre. Ensuite il se présentait lui-même à  moi dans le mystère où il voulait que je le considérasse, et il appliquait si fort mon esprit en tenant mon âme et toutes mes puissances  englouties dans lui-même, que je ne sentais  point de distractions, mais mon cœur se sentait consommé du désir de l'aimer, et cela me donnait un désir insatiable de la sainte communion et de souffrir (1). »

Dans ses désolations intérieures et les combats que le monde et l'amour de sa mère livraient à son coeur, elle n'avait pas d'autre refuge ni d'autre force que d'aller se prosterner aux pieds de Notre-Seigneur au saint Sacrement, où elle serait restée les jours et les nuits sans se lasser jamais.

Quelque confusion qu'elle en éprouvât, lorsqu'elle allait à l'église, l'Esprit de Dieu la poussait à s'approcher le plus près possible de l'autel et du tabernacle.

C'est là que son bon Maître lui enseignait à faire oraison et lui découvrait ses mystérieux desseins sur elle. Il imprima aussi dans son coeur, vers ce même temps, un si grand amour pour les pauvres, que Marguerite se fit un délassement du labeur de les servir et de les instruire.

Elle les soignait dans leurs maladies, pansait et baisait leurs plaies avec une ardeur toute surnaturelle. Tout ce qu'elle pouvait obtenir, elle le donnait à ses chers protégés, invitant les petits enfants à la venir trouver, et les réunissant pour leur apprendre le catéchisme. Ils accouraient en si grand nombre qu'ils remplissaient parfois toute une vaste chambre ; mais souvent, hélas ! une des trois personnes indiquées plus haut arrivait pour les chasser, avec leur bienheureuse catéchiste, trop saintement habituée à ces rebuts et mépris pour ne pas les accepter le sourire sur les lèvres.

Continuant à l'instruire elle-même, Notre-Seigneur lui faisait voir la beauté des vertus, surtout des trois voeux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, lui disant « qu'en les pratiquant l'on devient saint, et il me disait cela, » remarque-t-elle, « parce qu'en le priant, je lui demandais de me faire sainte. Et comme je ne lisais guère d'autre livre que la Vie des Saints, je disais en l'ouvrant : il m'en faut chercher une bien aisée à imiter, afin que je puisse faire comme elle a fait, pour devenir sainte comme elle; mais ce qui me désolait, c'était de voir que j'offensais tant mon Dieu (2). »

De plus en plus partagée entre le désir de répondre à la voix de Dieu, et celui de céder aux instances de sa mère, qui la conjurait de rester dans le Monde, Marguerite pensait pouvoir satisfaire sa conscience en lui donnant le change.

Notre-Seigneur lui demandait son coeur ; au lieu de le lui livrer, elle se contentait de lui offrir le sang de ses veines, s'accablant d'austérités, dont le seul récit fait frémir.

Par là, elle se trompait elle-même, ruinant sa santé, sans réussir à pacifier les troubles de son esprit, car le corps n'était pas la victime que convoitait le divin Sacrificateur c'était l'âme de Marguerite qu'il voulait posséder en holocauste. Le combat se poursuivait donc, chaque jour plus terrible et plus intime. D'un côté. Jésus-Christ multipliant ses appels et ses reproches intérieurs à cette âme, jusqu'à lui apparaître sous la figure d'un Ecce Homo ou dans l'état qui fut le sien après la flagellation, lui remontrant combien il souffrait de voir son amour méconnu par une créature autant aimée qu'elle l'était, et pour laquelle il avait enduré de si atroces tourments. De l'autre côté, la voix de la nature et de la famille se faisant entendre toujours plus forte et réclamant leurs droits avec tant de véhémence dans ce coeur de vingt ans, qu'il semblait n'y avoir plus moyen de résister.

Cependant Notre-Seigneur ne la laissait pas sans encouragement. « Une fois, » dit-elle, « j'étais comme dans une abîme (1) d'étonnement de ce que tant de défauts, d'infidélités que je voyais en moi n'étaient pas capables de le rebuter,

il me fit cette réponse : — C'est que j'ai envie de te faire comme un composé de mon amour et de mes miséricordes.

— Et une autre fois il me dit :  — Je t'ai choisie pour mon épouse et nous nous sommes promis la fidélité, lorsque tu m'as fait voeu de chasteté ! C'est moi qui te pressais de le faire, avant que le monde y eût aucune part, 

dans ton coeur ; car je le voulais tout pur et sans être souillé des affections terrestres, et pour me le conserver comme cela, j'ôtai toute la malice de ta volonté, afin qu'elle ne le pût corrompre. Et puis je te mis en dépôt au soin de ma sainte Mère, afin qu'elle te façonnât selon mes desseins (1) ».

Le démon, soupçonnant que cette âme allait lui échapper, faisait jouer de nouvelles batteries contre elle. Marguerite les indique en toute humilité « Satan me disait continuellement : — Pauvre misérable! que penses-tu faire en voulant être religieuse ? Tu te vas rendre la risée de tout le « monde, car jamais tu n'y persévéreras; et quelle « confusion de quitter un habit de religieuse et « sortir d'un couvent! Où pourras-tu te cacher « après cela ? » Et elle ne dissimule pas ses anxiétés, car elle ne savait à quoi se résoudre. « Je me fondais en larmes parmi tout cela, (2) » ajoute-t-elle.

Notre-Seigneur en eut pitié. Il la consola en l'éclairant lui-même.

« Après la communion, si je ne me trompe, il me fit voir qu'il était le plus beau, le plus riche, le plus puissant, le plus parfait et accompli de tous les amants; et que, lui étant promise depuis tant d'années, d'où venait donc que je voulais tout rompre avec [lui] pour en prendre un autre. — Oh! apprends que si tu me fais ce mépris, je t'abandonne pour jamais; mais si tu 

m'es fidèle, je ne te quitterai point, et me rendrai ta victoire contre tous tes ennemis. J'excuse ton ignorance, parce que tu ne me connais  pas encore, mais si tu m'es fidèle et me suis,  je t'apprendrai à me connaître et me manifesterai à toi !(1) »

Tel fut le trait vainqueur qui décida la vocation de Marguerite. Subjuguée par l'amour de son Dieu, elle était désormais son esclave : elle ne serait qu'à lui!

 

C'est alors que le Crucifix devint le Maître incomparable, à l'école duquel Marguerite apprit si bien à goûter les leçons de la douleur, que parfois, éprise des charmes surhumains de la souffrance, elle allait se jeter aux pieds de son Sauveur crucifié et lui disait : « O mon cher Sauveur, que je serais heureuse si vous imprimiez en moi votre image souffrante! (1) »

Le Cardinal Perraud dira un jour, parlant de cette prière : « Elle est bien courte, mais assurément une des plus belles et des plus généreuses qu'une âme chrétienne puisse adresser au Dieu de la Croix (2). »

Lorsque Marguerite exposait ainsi à son cher Sauveur la sublime ambition de son âme de lui ressembler dans la souffrance, il daignait lui répondre : « C'est ce que je prétends, pourvu que tu ne me résistes pas et que tu y contribues de ton côté (3). »

 Et les veilles de communion, je me sentais abîmée dans un si profond silence, que je ne pouvais parler qu'avec violence, pour la grandeur de l'action que je devais faire; et lorsque je l'avais faite, je n'aurais voulu ni boire, ni manger, ni voir, ni parler, tant la consolation et paix que je sentais était grande. Et je me cachais autant que je pouvais, pour apprendre à aimer mon souverain Bien, qui me pressait si fort de lui rendre amour pour amour. Mais je ne croyais pas de jamais pouvoir l'aimer, quoi que je pusse faire, si je n'apprenais à faire l'oraison; car je n'en savais que ce qu'il m'en avait appris, qui était de m'abandonner à tous ses saints mouvements, lorsque je pouvais me « renfermer en quelque petit coin avec lui; mais on ne me laissait pas assez de loisir. (1) »

 

On persistait à vouloir que ce fût à Sainte-Ursule. Mais; à force de prières et de larmes, versées aux pieds de la sainte Vierge, qui lui dit : « Ne crains rien, tu seras ma vraie fille et je serai toujours ta bonne mère (2), » Marguerite obtint d'entrer en un couvent de Sainte-Marie. On lui en proposa plusieurs; aucun ne lui semblait être celui où son divin Maître avait marqué sa place. Mais, dira-t-elle plus tard, « aussitôt qu'on me nomma Paray, mon coeur se dilata de joie et j'y consentis d'abord (1). »

Cependant d'autres obstacles lui barraient encore le passage. Elle les surmonta tous, se répétant sans cesse à elle-même : « Il faut mourir ou vaincre ! (2) » C'est grâce à cet héroïque courage qu'elle vint se présenter, heureuse et confiante, au lieu de son bonheur, « le cher Paray (3) ».

Marguerite ne fut pas plus tôt au parloir de la Visitation qu'une voix intérieure se fit entendre à son âme et lui dit : « C'est ici que je te veux (4). » Cela lui causa tant de joie, qu'elle pria son frère, qui l'accompagnait, de tout conclure promptement pour sa prochaine entrée en ce monastère, d'autant qu'elle ne serait jamais religieuse ailleurs qu'en cette maison de Sainte-Marie. « Après quoi, » écrit-elle, « il semblait que j'avais pris une nouvelle vie, tant je me sentais de contentement et de paix. Ce qui me rendait si gaie que ceux qui ne savaient pas ce qui se passait disaient : « Voyez-la, qu'elle a bien la façon d'une religieuse ! — Et, en effet, je portais plus d'ajustements de vanité que jamais je n'avais fait, et me divertissais de même, pour la grande joie que je sentais, de me voir bien toute à mon souverain Bien (1). »

Suite !! 

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