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Apollon ? Hélios ! Dieu soleil

 

 

La guerre de Troie

Dans la guerre de Troie, Apollon se range aux côtés des Troyens, qui lui consacrent un temple sur leur acropole[24]. Comme le font Poséidon et Athéna pour les Achéens, il intervient aux côtés des troupes qu'il défend pour les encourager[25]

 Il prend les traits de mortels pour conseiller Hector ou Énée[26] Il soustrait Énée aux coups de Diomède[27], intervient en personne pour repousser le guerrier grec quand il se fait trop pressant[28] puis sauve Énée en le remplaçant par un fantôme sur le champ de bataille[29]. De même, il dérobe Hector à la rage d'Achille[30]. Inversement, il se sert d'Agénor pour éloigner Achille et empêcher la prise de Troie[31]. Il intervient directement en frappant et désarmant Patrocle, laissant le héros sans défense face aux Troyens qui le tueront[32]. Selon les versions, il aide Pâris à abattre Achille[33], ou prend la forme du prince troyen[34] pour le tuer.

Défenseur des Troyens, il a pour principal adversaire sa demi-sœur Athéna[35]. Non content de l'affronter sur le champ de bataille par mortels interposés, il veut empêcher Diomède, le protégé d'Athéna, de remporter l'épreuve de course en chars lors des jeux funéraires de Patrocle ; la déesse intervient à son tour pour faire gagner son champion[36]. Néanmoins, Apollon sait se retenir face à son oncle Poséidon et lui propose de laisser les mortels régler eux-mêmes leurs querelles[37].

  

Un dieu vengeur

Apollon et Tityos, pélikè attique à figures rouges de Polygnote, v. 450440 av. J.-C.

Apollon est un dieu vindicatif, prompt à punir ceux qui le défient. Il tue le serpent Python et, aidé de sa sœur, il élimine Tityos, qui a tenté de s'en prendre à Léto[39]. Toujours avec Artémis, il massacre de ses flèches les fils et filles de Niobé, qui a osé se moquer de sa mère[40]. Il fait périr les Aloades quand ceux-ci entreprennent d'escalader l'Olympe et de défier les dieux[41]. Il écorche vivant le satyre Marsyas, amateur de flûte, qui lui a lancé un défi musical[42]. Le roi Midas, qui avait préféré le son de la flûte à celui de la lyre, est doté d'une paire d'oreilles d'âne[43].

La confrontation ne tourne pas toujours à l'avantage du dieu. Quand Héraclès s'empare du trépied de Delphes pour faire pression sur la Pythie, Apollon accourt à la rescousse de la prêtresse. Le héros se serait enfui avec le trépied si le dieu n'avait pas appelé à l'aide son père Zeus, qui intervient en envoyant un trait de foudre[44].

 

Un dieu bâtisseur

Dans son Hymne à Apollon, Callimaque lui prête un rôle de bâtisseur, de fondateur et législateur. Il conseillait les représentants de diverses cités grecques quant à la fondation de cités nouvelles : « O Phébus ! sous tes auspices s'élèvent les villes ; car tu te plais à les voir se former, et toi-même en poses les fondements[45]. »

Platon[46] reconnaît également ce rôle à Apollon et conseille à tout fondateur d'un état de se référer aux lois établies par le dieu : il s'agit des lois « qui regardent la fondation des temples, les sacrifices, et en général le culte des dieux, des démons et des héros, et aussi les tombeaux des morts et les honneurs qu'il faut leur rendre afin qu'ils nous soient propices... ».

Amours

Idas et Marpessa séparés par Zeus d'Apollon, psykter attique à figures rouges, Staatliche Antikensammlungen

Réputé pour sa grande beauté, Apollon est paradoxalement assez malheureux dans ses amours[47],[48]. Celles-ci ont pour objet des nymphes, des mortels ou des mortelles, mais très rarement des divinités majeures[49].

Il s'éprend de la nymphe Cyrène en la voyant combattre un lion qui menace les troupeaux de son père[50]. Il fait part de ses sentiments au centaure Chiron, qui les approuve. Encouragé, Apollon se déclare à la jeune fille, qu'il emmène en Libye. Là, elle reçoit du dieu la souveraineté sur la région, la Cyrénaïque, et donne naissance à Aristée, qui enseignera aux hommes l'apiculture.

Les autres amours du dieu sont moins heureuses. Il enlève Marpessa, fille d'Événos, alors qu'elle est fiancée à l'Argonaute Idas[51]. Ce dernier réclame sa promise les armes à la main, et Zeus doit séparer les deux adversaires[52]. Le roi des dieux demande à Marpessa de choisir entre ses deux soupirants ; la jeune fille opte pour Idas, de peur d'être abandonnée par Apollon l'âge venant[52].

Il poursuit de ses ardeurs la nymphe Daphné ; pendant sa fuite, la jeune fille invoque son père, un dieu-fleuve, qui lui substitue un laurier[53] ou la transforme en cette plante[54]. Ses amours avec Coronis, fille de Phlégias, roi des Lapithes, ne finissent pas mieux : enceinte du dieu, elle le trompe avec le mortel Ischys[55]. Apollon, maître de la divination, perçoit la vérité, qui lui est également rapportée par un corbeau[55]. Il envoie alors sa sœur Artémis pourfendre l'infidèle de ses flèches, mais pris de pitié pour l'enfant à naître, il arrache ce dernier du ventre de sa mère qui se consume sur le bûcher[55]. Il porte le jeune Asclépios chez le centaure Chiron, qui l'élève et lui enseigne l'art de la médecine[55]. Apollon s'éprend également de la princesse troyenne Cassandre, fille du roi Priam : elle promet de se donner à lui en échange du don de prophétie mais après avoir obtenu satisfaction, elle revient sur ses dires. Furieux, Apollon la condamne à ne jamais être prise au sérieux[56].

Apollon, Hyacinthe et Cyparisse, Alexandre Ivanov, 1834

De nombreuses autres aventures sont attribués à Apollon. Souvent, les récits se concentrent sur la progéniture divine plutôt que sur la mère, dont le nom change suivant la version : il ne s'agit pas de véritables histoires d'amour, mais d'un moyen de rattacher un personnage à Apollon. Ainsi des musiciens Linos et Orphée, du devin Philamnos, d'Ion, éponyme des Ioniens ou de Delphos, fondateur de Delphes.

Apollon est aussi le dieu qui compte le plus d'aventures avec des jeunes garçons[57]. Il s'éprend de Hyacinthe, fils d'un roi de Sparte. Alors qu'ils s'entraînent au lancer du disque, le hasard — ou Zéphyr jaloux — fait que le disque frappe Hyacinthe à la tempe. Désespéré, Apollon fait jaillir du sang du jeune homme une fleur, le hyakinthos, qui n'est sans doute pas la jacinthe actuelle[58]. L'histoire de Cyparisse, fils de Télèphe, se termine également de manière tragique. Aimé d'Apollon, il a pour compagnon un cerf apprivoisé. Il le tue un jour par mégarde ; desespéré, il demande au dieu la mort, et la grâce de pouvoir pleurer éternellement. Ainsi est-il changé en cyprès, symbole de la tristesse[59]. Apollon s'éprend également d'Hyménaios, fils de Magnès ; absorbé par sa passion, le dieu ne voit pas le jeune Hermès lui dérober ses troupeaux[60]. On ignore la fin de l'histoire[61].

Figurent également parmi ses amants Hélénos, frère de Cassandre[62] ; Carnos, fils de Zeus et d'Europe, qui reçoit du dieu le don de divination[63] ; Leucatas qui, pour échapper au dieu, se jette du haut d'une falaise et donne son nom à l'île de Leucade[64] ; Branchos, aimé d'Apollon alors qu'il garde ses troupeaux, puis fondateur de l'oracle du dieu à Didymes[65].

 

Fonctions et culte

Apollon est un dieu jeune pour les Grecs. Seul entre tous les Olympiens, son nom n'apparaît pas sur les tablettes mycéniennes en linéaire B[66]. Le premier culte de Délos concerne Artémis et non son frère[67]. Il est possible que les Karneia, les Hyacinthies et les Daphnephoria célèbrent, à l'origine, d'autres divinités qu'Apollon. Cependant, son culte est solidement ancré dans l'ensemble du monde grec dès le VIIIe siècle av. J.-C., au moment où apparaissent les premières sources littéraires grecques.

 

Chez Homère

Apollon joue un rôle majeur dans l’Iliade : selon Homère, c'est lui qui est à l'origine de la dispute d'Agamemnon et Achille et donc de l'ensemble des événements narrés par le poème[68]. Animé du souffle prophétique, Xanthos, le cheval d'Achille, le nomme « le premier des dieux[69] ». De fait, aucun n'est mentionné plus souvent que lui dans le poème, à l'exception de Zeus[70]. Chacune de ses apparitions sont terrifiantes. Quand il veut venger son prêtre Chrysès, bafoué par Agamemnon,

Des cimes de l'Olympe il descendit, plein de courroux,
Portant son arc et son carquois étanche sur l'épaule.
Les traits sonnèrent sur l'épaule du dieu courroucé,
Quand il partit, et c'était comme si la nuit marchait[71].

Le son de son arc est terrible et sa voix gronde comme le tonnerre quand il arrête le guerrier Diomède dans son élan[72]. C'est aussi un dieu jaloux de ses prérogatives : face à Diomède, il rappelle qu'« il n'est rien de commun / entre les Immortels et ceux qui marchent sur la terre[73]. » Il reproche à Achille de ne pas l'avoir reconnu sous les traits du Troyen Agénor :

Pourquoi me poursuis-tu, Achille, avec tes pieds rapides,
Mortel courant après un dieu ? N'aurais-tu pas encore
Reconnu qui je suis, que tu t'obstines dans ta rage[74] ?

Pendant les jeux funéraires de Patrocle, il ôte la victoire à l'archer Teucros, qui a omis de lui promettre une hécatombe[75].

Homère présente avant tout Apollon comme un dieu archer. Là où sa sœur emploie l'arc pour la chasse, son domaine est plutôt la guerre : il donne leur arme aux deux meilleurs archers de la guerre de Troie, le Troyen Pandaros et le Grec Teucros[76]. Ses flèches sont porteuses de mort : elles sèment la peste dans le camp grec, tuant hommes et bêtes. Le seul remède réside alors dans la prière, la purification et le sacrifice : lui seul peut écarter la maladie qu'il apporte[77].

 

Musicien 

Apollon citharède, freque romaine du Ier siècle, Musée du Palatin (Inv. 379982)

L'hymne à Apollon pythien commence par l'apparition d'Apollon dans l'Olympe, la phorminx (lyre) à la main : « aussitôt les Immortels ne songent plus qu'à la cithare et aux chants[78]. » Les Muses chantent en chœur les dieux et les hommes ; les dieux de l'Olympe, Arès compris, se donnent la main pour danser et Apollon lui-même, tout en jouant, se joint à eux. La scène résume l'un des domaines majeurs d'Apollon : la μουσική / mousikē, c'est-à-dire la combinaison du chant, de la musique instrumentale et de la danse[79].

En tant que tel, Apollon est le patron des musiciens : « c'est par les Muses et l'archer Apollon qu'il est des chanteurs et des citharistes », dit Hésiode[80]. Il inspire même la nature : à son passage « chantent les rossignols, les hirondelles et les cigales[14] ». Sa musique apaise les animaux sauvages[81] et meut les pierres[82]. Pour les Grecs, musique et danse ne sont pas seulement des divertissements : elles permettent aux hommes de supporter la misère de leur condition[83].

Jacqueline Duchemin, spécialiste de poésie grecque et de mythologie comparée, a émis l'hypothèse selon laquelle les prérogatives d'Apollon dans le domaine de la musique et de la poésie se rattacheraient à sa nature de divinité pastorale, l'une des fonctions originelles du dieu étant la protection des troupeaux[84]. Selon l'auteur de La Houlette et la lyre, ce seraient les bergers et les pâtres qui auraient inventé l'art musical au cours de leurs longues veillées solitaires. Elle affirme ainsi : "Le poète et le berger sont bien une même personne. Et ses dieux sont à son image."[85]. Et aussi : "Les divinités des pâtres et des bêtes furent, au sein d'une nature pastorale, dans les temps les plus anciens, celles de la musique, de la danse et de l'inspiration poétique."[8

 

 

Mythe 

Naissance

Apollon et sa sœur Artémis entourant le palmier où leur mère leur a donné naissance, cratère du Peintre de Comacchio, v. 450 av. J.-C., Musée archéologique national de Madrid

Apollon est le fils de Zeus et d'une Titanide, Léto [4]. Il a pour sœur jumelle Artémis.

Sa naissance est contée en détail dans l’Hymne homérique à Apollon[5] : sur le point d'enfanter, Léto parcourt la mer Égée, cherchant un asile pour son fils. Pleines de terreur, « car nulle d'entre elles n'eut assez de courage, si fertile qu'elle fût, pour accueillir Phoibos »[6], îles et presqu'îles refusent l'une après l'autre d'accueillir Apollon. Léto gagne finalement l'île de Délos, qui refuse d'abord, de peur que le dieu ne la méprise ensuite à cause de l'âpreté de son sol. Léto jure par le Styx que son fils y bâtira son temple et l'île accepte aussitôt.

Toutes les déesses, dont Dioné, Rhéa, Thémis et Amphitrite, viennent assister Léto pendant sa délivrance. Par jalousie, Héra ne prévient pas Ilithyie, déesse des accouchements, qui reste sur l'Olympe. Après neuf jours et neuf nuits, les déesses ordonnent à Iris, messagère des dieux, de prévenir Ilithyie et de lui remettre un collier d'or pour la faire venir. Dès que celle-ci arrive à Délos, Léto étreint un palmier qui deviendra sacré et donne naissance à Apollon, en un jour qui est le septième du mois. Aussitôt, les cygnes sacrés font sept fois le tour du rivage en chantant[7]. Puis Thémis offre à Apollon le nectar et l'ambroisie. Dans l’Hymne homérique, Artémis ne naît pas en même temps que son frère, mais à Ortygie[8] – nom qui désigne peut-être l'emplacement du temple d'Artémis à Éphèse[9]. Dès sa naissance, Apollon manifeste sa puissance d'immortel ; il réclame ses attributs, la lyre et l'arc, et affirme ses pouvoirs.

Chez Pindare, Artémis et Apollon naissent, jumeaux, à Délos[10]. Délos est une île errante avant l'arrivée de Léto ; après la délivrance d'Apollon, quatre colonnes surgissent du fond de la mer et viennent l'ancrer solidement[11]. Chez Hygin, le serpent Python prédit sa propre mort des mains d'Apollon et poursuit Léto enceinte pour l'empêcher d'accoucher[12]. Parallèlement, Héra décrète qu'aucune terre sous le soleil ne pourra accueillir Léto. Zeus demande donc à Borée, le vent du Nord, d'amener Léto à Poséidon. Ce dernier installe la parturiente sur l'île d'Ortygie, qu'il recouvre sous les eaux. Python finit par abandonner ses recherches et Léto peut accoucher. Aussitôt, Poséidon fait sortir des eaux Ortygie qui prend le nom de Délos, « la visible ». Enfin, on trouve chez Apollodore l'idée qu'Artémis naît la première et sert de sage-femme à Léto pour la naissance de son frère[13].

Chez les Hyperboréens

Peu après la naissance d'Apollon, Zeus lui remet un char tiré par des cygnes et lui ordonne de se rendre à Delphes[14]. Le dieu n'obéit pas immédiatement, mais s'envole à bord de son char pour le pays des Hyperboréens qui, selon certaines versions, est la patrie de Léto[15]. Là vit un peuple sacré qui ne connaît ni la vieillesse, ni la maladie ; le soleil brille en permanence[16]. Il y reste pendant un an avant de partir pour Delphes. Il y revient tous les 19 ans, période au bout de laquelle les astres ont accompli une révolution complète (un cycle métonique)[15]. De l'équinoxe de printemps au lever des Pléiades, il y danse chaque nuit en s'accompagnant de la lyre[15]. Selon d'autres légendes, il y passe chaque année les mois d'hiver[17], ne revenant dans son lieu de culte — Delphes ou Délos — qu'avec le printemps[18].

Suite !!! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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